Avec près de 4 parties par million (ppm) de plus qu’en mai 2015, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté comme jamais en un an depuis l’époque préindustrielle. En données corrigées des variations saisonnières, elle atteint 404,36 ppm à l’observatoire Mauna Loa de Hawaï. Elle avait passé la barre des 400 ppm en avril 2015.
La concentration moyenne de CO2 a atteint 407,70 parties par million (ppm) en mai à l’Observatoire Mauna Loa, à HawaÏ, une station faisant référence en la matière. Avec 3,76 ppm de plus que le précédent record, établi en mai 2015, cette concentration marque également une accélération record. L’augmentation était globalement de plus ou moins 2 ppm chaque année au début du XXIème siècle, puis elle a dépassé tous les ans + 2ppm à partir de 2011. Là, elle approche donc 4 ppm. Un pic d’accélération à +2,93 ppm avait également été noté en 1998 à l’époque du dernier phénomène El Nino de puissance comparable à celui qu’on a vient de connaître et qui se termine.
Une telle concentration est déjà supérieure à ce qu’il faudrait en 2100 pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C
Pendant ce printemps, la plus haute moyenne journalière a été établie le 9 avril avec 409, 44 ppm et n’a pas été battue en mai. Elle marque donc le record 2016. La concentration de CO2 diminue en effet pendant la saison de végétation de l’hémisphère nord, où l’on trouve la plus grande partie des terres immergées. Puis elle recommence à augmenter après les mois de septembre – octobre.
En données corrigées des variations saisonnières, la concentration moyenne mensuelle de dioxyde de carbone avait passé la barre des 400 ppm en avril 2015 à l’observatoire de Mauna Loa. Elle a atteint en mai 404, 36 ppm. Une telle concentration est déjà supérieure à ce qu’il faudrait en 2100, selon les travaux du GIEC -Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat- pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C (350 – 400 ppm de CO2, ou 430-480 ppm équivalent CO2 tous gaz à effet de serre confondus). La concentration de CO2 était d’environ 280 ppm à l’époque préindustrielle.
Il ne suffit pas que les émissions dues aux activités humaines soient réduites. Il est nécessaire qu’elles deviennent inférieures à ce que les écosystèmes terrestres et les océans absorbent.
Rappelons également que, pour conserver grosso modo une chance sur deux de limiter le réchauffement global à +2°C en 2100 depuis cette époque préindustrielle, il convient de limiter la concentration de CO2 à 450 ppm (ou bien 530 ppm équivalent CO2 si on prend en compte tous les gaz à effet de serre), toujours selon le GIEC.
Or, l’inertie de ce phénomène est fort. Pour que la concentration de CO2 connaisse un pic et commence à diminuer, il ne suffit pas que les émissions dues aux activités humaines soient réduites. Il est nécessaire que ces émissions, dites anthropiques, deviennent inférieures à ce que les écosystèmes terrestres et les océans absorbent.
D’ici là, qu’on le veuille ou non, la concentration de CO2 ne fera qu’augmenter, même si dans le meilleur des cas c’est à une vitesse qui ralentit. A ce jour, les émissions anthropiques sont environ deux fois plus importantes que ce qu’absorbe la nature. Et en plus la nature a augmenté son captage – stockage au fur et à mesure où nos émissions ont augmenté.
Enfin, les effets des différents gaz à effet de serre sont le plus souvent mesurés sur une période d’un siècle. Or, un gaz à effet de serre comme le méthane, dont la durée de vie dans l’atmosphère est à ce jour de l’ordre d’une douzaine d’années, a avant tout de puissants effets de réchauffement dans les années qui suivent son émission. Et ces effets naturels du réchauffement ont bien tendance à accélérer eux-mêmes le réchauffement…
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