Avec les sécheresses et moindres saisons de végétation qu’il provoque, l’actuel phénomène El Nino 2015-16 booste la concentration de CO2 dans l’atmosphère. A l’observatoire de Mauna Loa à Hawai, la barre des 405 ppm a été pulvérisée samedi 6 février avec près de 5 ppm de plus qu’un an plus tôt ! C’est plus de deux fois le taux de croissance moyen des dix dernières années. Mauna Loa ne devrait plus jamais de notre vivant repasser sous les 400 ppm qui vont être puissamment franchis cette année en moyenne mondiale.
Nous ne sommes qu’en février mais la concentration de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère commence déjà à battre de nouveaux records, en particulier à l’observatoire Mauna Loa situé à Hawaï et faisant référence en termes de relevés. En moyenne hebdomadaire, la première semaine de février a atteint 404,55 parties par million (ppm) contre 400,20 ppm l’an passé, soit un écart de plus de 4 ppm. En moyenne journalière, la concentration a même atteint 405,83 ppm jeudi 4 février 2016 puis 405,91 ppm deux jours plus tard, soit près de 5 ppm par rapport au 6 février 2015 ! Par comparaison, le taux de croissance annuel de la concentration de CO2 dans la décennie 2005-2014 a été de 2,11 ppm.
A ce rythme, les 410 ppm pourraient être en vue au printemps
La forte poussée actuelle est due à El Nino, principalement à cause des sécheresses, des incendies et de la croissance moindre des végétaux que ce phénomène provoque sous les tropiques, pendant son pic et également dans la période qui suit, indique-t-on à Mauna Loa.
Ces 405,98 ppm constituent un nouveau mais provisoire record, le record annuel étant généralement et logiquement établi au printemps vers avril-mai, juste avant la montée en puissance de la végétation sur les continents de l’hémisphère nord, qui font office de pompe à carbone. Le record 2015 s’est ainsi élevé le 13 avril à 404,84 ppm, soit 1 ppm de moins qu’au moins de février suivant… A ce rythme, les 410 ppm pourraient être en vue au printemps. Mauna Loa avait atteint les 400 ppm pour la première fois en mai 2013.
Le point le plus bas de 2016 pourrait être autour de 400 ppm
Selon le rythme d’augmentation des dix dernières années, avec des concentrations respectives en 2015 de 397,63 ppm et 398,29 ppm, seuls les mois de septembre et d’octobre pouvaient encore se retrouver à plus ou moins 400 ppm cette année à Mauna Loa, avec éventuellement une moyenne de septembre restant en dessous de cette barre. Cependant, avec El NIno, ces niveaux les plus bas devraient facilement passer les 400 ppm, jusqu’à 402 ppm pour septembre. Ouvrant cette danse 2016 du CO2, le mois de janvier 2016 affiche 402,52 ppm contre 399,96 ppm en 2015.
Par ailleurs, le point le plus de bas de 2015 en moyenne journalière a été enregistré à 395,86 ppm le 14 septembre. Lors du dernier phénomène El Nino comparable à l’actuel, “le taux de CO2 avait grimpé de 3,7 ppm entre septembre 1997 et septembre 1998”, souligne Ralph Keeling, directeur du programme Scripps CO2 à Mauna Loa. Pour lui, l’augmentation entre septembre 2015 et septembre 2016 pourrait être facilement de 4,4 ppm pour un El Nino fort et “en tenant compte des taux d’émissions des combustibles fossiles globalement plus importants aujourd’hui qu’en 1998”. Le point le plus bas de 2016 pourrait donc être autour de 400 ppm.
Un rythme de croissance qui s’accélère
Sur l’année 2015, la concentration moyenne de CO2 à Mauna Loa a atteint 400,83 ppm, la barre des 400 ppm en données corrigées des variations saisonnières ayant été franchie en mars. En moyenne autour de la planète, la concentration de CO2 était estimée à 397.16 ppm en 2014. Elle est ainsi appelée à dépasser puissamment cette année les 400 ppm.
Reste à savoir à quel rythme va ensuite continuer à croître la concentration de CO2 dans l’atmosphère. A Mauna Loa, ce rythme était annuellement en moyenne de +1,42 ppm entre 1985 et 1994, +1,87 ppm entre 1995 et 2004 et + 2,11 ppm entre 2005 et 2014. Il a été de + 3,05 ppm en 2015, quatrième année consécutive à avoir un taux supérieur à + 2 ppm et dixième année à le dépasser depuis 1998 (+2,93 ppm).
Avec les autres gaz à effet de serre, notamment le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N2O), nous avons désormais dépassé selon l’agence américaine NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration) la concentration de 480 ppm équivalent CO2 qui est la limite à ne pas dépasser en 2100 pour conserver deux chances sur trois de limiter le réchauffement global à +2°C depuis l’époque pré-industrielle, pour que la dernière chance d’être à +1,5°C ne fonde pas.
Il y a un truc qui me sidère, c’est qu’on ne fait pas le rapport entre la croissance de CO² et l’intensification des coupes de bois un peu partout dans le monde. La forêt tropicale recule partout, elle est le poumon de la terre… On devrait reboiser la planête si on veut arrêter la progression de la croissance du CO²
Bonjour Annick,
Le reboisement peut effectivement être très utile, mais cela ne suffit pas pour autant. Pour être exact, les émissions de CO2 dues aux activités humaines proviennent actuellement à environ 90% des énergies fossiles et procédés industriels et à 10% du changement d’utilisation des sols. Parmi le CO2 que nous émettons (plus ou moins 40 milliards de tonnes par an), environ 1/4 est effectivement capté par les écosystèmes terrestres tandis qu’un autre quart est capté par les océans (autre poumon de la Terre). La moitié restante se concentre dans l’atmosphère. Bien à vous. VR
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