Si le nouveau président des Etats-Unis, Donald Trump, ne semble pas avoir grand chose à faire du réchauffement global de la planète, impliquant pourtant l’avenir de l’humanité, il risque cependant être freiné voire stoppé dans son désir d’hydrocarbures de schiste et de charbon par les limites du monde réel: limites géologiques, limites de la croissance… Car le pic pétrolier mondial semble bien là, tout près de nous. Et avec de gigantesques implications.
Pauvres de plus en plus pauvres, riches de plus en plus riches, malaises sociaux, dettes chroniques, populismes, fascismes rampants, multiplication de phénomènes climatiques extrêmes, de sécheresses cultivant la faim, terrorisme, flots d’être humains fuyant la guerre ou la misère, milliardaire président, négationnistes du réchauffement planétaire au pouvoir… Ne sentez vous pas comme un parfum d’effondrement depuis la crise financière de 2008 ? Comme un sentiment que ce que l’on croyait acquis pour l’éternité est en train de vaciller ? Et si cette multiplication de crises était portée ou influencée, directement ou indirectement, par un facteur sous-jacent commun: le pétrole, sa vie, son œuvre ?
Des limites de la nature et de la croissance ignorées
Revenons quelques dizaines d’années en arrière: au début des années soixante dix, des scientifiques comme l’Américain Dennis Meadows avaient alerté le monde politique et économique sur les limites de la croissance. Leur modèle mathématique montrait notamment que les ressources naturelles étaient exploitées de manière insoutenable, avec au bout du chemin un effondrement probable de nos sociétés.
A la même époque, dans son livre Small is Beautiful (1), l’économiste britannique Ernst Friedrich Schumacher donnait une définition de l’économie qui, à la différence de celle d’Adam Smith, père de l’économie actuelle, prenait en compte la nature et ses services. La base de la démarche de Schumacher est de distinguer dans l’économie, les biens primaires fabriqués par la nature (eau, atmosphère, soleil, vent, bois, pétrole, minerais, etc.) et les biens secondaires fabriqués par l’homme (biens et services fournis par le travail), les premiers étant la condition sine qua non des seconds, avec un rôle central pour l’énergie, à l’origine de tous les autres biens. Ainsi peut-on aisément comprendre que la destruction des biens primaires assure la perte des biens secondaires.
Dans les décennies suivantes, les dirigeants politiques et économiques, notamment inspirés par le néolibéralisme, n’ont nullement pris en compte ces avertissements. Au contraire, le rythme d’exploitation des ressources naturelles a continué à s’amplifier et la croissance du produit intérieur brut (PIB) et sa quête permanente sont toujours aujourd’hui, par exemple en France, l’alpha et l’omega des programmes politiques sans lesquels le bonheur humain serait, dit-on, « impossible ».
Résultat: selon l’ONG américaine Global Footprint Network, l’humanité a commencé à partir des années 1980 à consommer annuellement plus de ressources renouvelables que la Terre n’en a produit. En 2016, les capacités annuelles de la Terre étaient consommées dès le 8 août. Ce qui a été consommé du 8 août au 31 décembre équivaut donc à la destruction d’une partie des biens primaires évoqués par Schumacher. Cette destruction peut prendre la forme de la déforestation, de la chute des stocks de poissons, de la pollution de l’air et de l’eau, de la perte de terres arables…
Le pic mondial des découvertes annuelles de pétrole a eu lieu dans les années 1960
Remontons encore plus le temps. La Révolution industrielle a permis aux sociétés humaines occidentales qui utilisaient auparavant les énergies renouvelables (bois, eau, vent, soleil…), de passer de sociétés agraires et artisanales à des sociétés industrielles et commerciales. Les énergies fossiles -charbon, pétrole- ont été le sang de cette révolution qui a apporté hausse du confort et de la population humaine. Sans pétrole point de civilisation thermo-industrielle. Aujourd’hui, le pétrole est partout: dans nos voitures, dans nos logements, dans nos meubles, dans notre alimentation, dans nos vêtements, dans nos loisirs… Nos sociétés sont sous perfusion, y compris pour la fabrication et l’installation de centrales photovoltaïques et éoliennes. Nous sommes addicts au pétrole. Pas de baisse de la demande envisagée avant 2040.
Or, le pétrole fait partie des biens primaires de la Terre dont parlait Ernst Friedrich Schumacher. Qui plus, est, comme la Terre met des millions d’années à le fabriquer, il n’est pas renouvelable à notre échelle. On en a donc une quantité donnée, une fois pour toute. Ainsi, quand on exploite un puits de pétrole, la production monte peu à peu en puissance pour toucher un pic puis elle redescend inexorablement, de manière non négociable. C’est également vrai à l’échelle d’un pays et à l’échelle de la Terre. Le pic mondial des découvertes annuelles de pétrole a eu lieu dans les années 1960, il y a déjà un demi siècle. Même si le monde pétrolier se plait à complexifier les chiffres et même si le sujet est largement ignoré, y compris dans les démocraties, le pic de la production de pétrole est lui aussi inévitable, tôt ou tard. Ce n’est pas un concept ou une idéologie, c’est mathématique et physique. Et à part une foi religieuse inébranlable dans le « progrès humain », rien n’est à ce jour prévu pour préparer « l’après pic » alors que la donne va être complétement bouleversée.
Energie produite / énergie investie: l’importance du taux de retour énergétique
Comment schématiser la différence ? Dans la phase « d’avant pic », la capacité de production de pétrole dépasse de loin la consommation et il faut peu d’effort matériel et humain pour le produire. Dit autrement, assez peu d’énergie va permettre de produire beaucoup d’énergie, donc beaucoup de croissance économique. On dit que son taux de retour énergétique (2) est élevé. Sur cette base, les chercheurs David Murphy et Charles Hall du College of Environmental Science and Forestry de New-York, ont formalisé un modèle de croissance économique pour la phase de « l’avant pic ». Selon eux, pendant une telle phase, le produit intérieur but (PIB) et la demande de pétrole augmentent et on trouve de nouvelles ressources elles aussi à hauts taux de retour énergétique. Elles vont permettre de conserver une offre importante de pétrole à bas prix, ce qui va assurer le maintien de la croissance du PIB et de la demande de pétrole… Et ainsi de suite.
Quand on arrive dans la phase du pic, l’économie devient plus volatile et le modèle se transforme de la manière suivante. En réponse à la croissance du PIB et à l’augmentation de la demande de pétrole arrivent un jour de nouvelles ressources mais à plus faibles taux de retour énergétique car il faut plus de travail (énergie, machines…) pour assurer le même niveau de production. De ce fait, on aura encore une offre élevée mais avec un prix du pétrole qui augmentera lui aussi, ce qui provoquera un blocage ou un déclin économique qui lui-même engendrera à la suite une plus faible demande de pétrole, ce qui tirera les prix vers le bas, cette baisse faisant à terme croître à nouveau la demande de pétrole et le PIB, et ainsi de suite. David Murphy et Charles Hall estiment que l’on est entré dans la phase du pic pétrolier mondial dès les années 1970, avec notamment les chocs de 1973 et 1979.
Quand on basculera dans la phase pendant laquelle la production de pétrole décroîtra en moyenne d’année en année, de manière définitive, David Murphy et Charles Hall prédisent des « oscillations autour d’une tendance en déclin » -notamment pour le PIB donc- et avec un modèle qui serait similaire à celui de la phase du pic. Moralité: les pays ou communautés qui parviendront le mieux à abandonner la croissance du PIB comme objectif et à baisser suffisamment leur consommation de pétrole, seront les plus résilients.
Pic mondial de production pétrolière: nous y sommes !
En revanche, moins on sera « élastique », plus on aura du mal à compenser en temps voulu le manque d’or noir, notamment dans certaines technologies « clés » où il est essentiel, en particulier bien sûr les transports… Pour Michael Kumhof, ancien expert du FMI aujourd’hui conseiller auprès de la Banque d’Angleterre, une baisse de la production de pétrole de 2% par an peut induire une hausse de prix du pétrole de l’ordre de 25% sur la même période, et même de 800% à 1500% sur 20 ans !… Pour les pays importateurs, cela se traduirait par une sévère contraction de leur produit intérieur brut (PIB), et par un alourdissement exponentiel de leurs déficits. Selon Michael Kumhof, au-delà de 200 dollars le baril de pétrole, on entre dans un « autre monde », inconnu, où des secteurs entiers de l’économie actuelle ne résisteraient pas.
David Murphy et Charles Hall estime que nous basculerons dans « l’après pic » après 2020 au plus tard. Ce qui est cohérent avec les prévisions jugées les plus sérieuses, notamment celles de l’ingénieur pétrolier, ancien de Total, Jean Laherrère, qui situe ce pic autour de 2015.
Scoop ! Peu ou prou, nous y sommes donc ! Du reste, depuis 2005, la production de pétrole conventionnel, c’est-à-dire celui qui coûte le moins cher à exploiter et qui possède les meilleurs taux de rendement énergétique actuels, stagne. La production mondiale totale n’a plus augmenté que grâce au pétrole non conventionnel, celui qui coûte le plus cher à produire (pétrole de schiste, sables bitumineux, off shore profond…), qui possède le plus bas taux de retour énergétique et qui a été massivement financé par du crédit très facile, notamment aux Etats-Unis.
Entre autres conséquences ces dernières années: un afflux supplémentaire de pétrole est arrivé sur des marchés qui n’étaient pas en capacité de tout consommer. Les prix ont chuté à partir de 2014, puis de nombreuses entreprises de l’industrie pétrolière ont fait faillite, notamment aux Etats-Unis, tandis que les autres ont vu leurs flux de liquidités fondre et que moult projets de futures productions ont été stoppés. Si l’on ajoute à cela le fait que les multinationales du pétrole, les « majors », ont considérablement réduit la voilure concernant la recherche de nouveaux gisements, alors on obtient le parfait cocktail pour glisser prochainement sur la pente de la déplétion.
Publié en septembre dernier, un rapport intitulé « Global Oil Supply » de la banque HSBC estime que 81% de la production de la production de liquides pétroliers dans le monde provient de réserves en déclin et que le marché actuellement toujours en surproduction pourrait se retourner dès … 2017. Selon les auteurs, la contraction « post pic » de la production atteindrait un taux annuel de 5 – 7%, soit 3 à 4,5 millions de barils jour en moins chaque année, soit encore l’équivalent de quatre Arabie Saoudite d’ici 2040…
La raréfaction progressive du pétrole constitue des facteurs de changements violents
Pour couronner le tout, rappelons que le pétrole est également, avec le charbon et le gaz, la principale cause de nos émissions de gaz à effet de serre provoquant un réchauffement de la température moyenne de la planète. Bien avant le GIEC (Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat), il y a plus d’un siècle, le scientifique suédois Svante Arrhenius a souligné ce risque. En vain… Conséquences de ce réchauffement global, les changements climatiques (multiplication des événements extrêmes, des sécheresses, des inondations…) deviennent notre quotidien. Aujourd’hui, pour éviter un monde à plus de deux degrés, c’est-à-dire un monde invivable, avec chaos climatique, il faut que 80% des réserves actuellement exploitables d’énergie fossile restent sous terre. Ce qui rend « inutiles » un certain nombre d’investissements et ce qui renforce encore plus l’impérieuse nécessité de se débarrasser du pétrole « en changeant de civilisation », et donc sans attendre que les limites physiques de la production ne l’impose avec une cohorte de crises, de corruptions, d’effondrements, de révoltes, de guerres…
En effet, « business as usual », puisque le pétrole irrigue toutes les branches de notre civilisation mondialisée, le passage du pic pétrolier et surtout la raréfaction progressive du pétrole qui suit, constituent des facteurs de changements violents. Dans son nouveau livre « Failing States, Collapsing Systems: BioPhysical Triggers of Political Violence », le politologue britannique Nafeez Ahmed étudie les « déclencheurs biophysiques » de guerres, de révolutions, de terrorismes dont fait partie le pic pétrolier. Il explore la multiplication des troubles sociaux depuis le crash financier de 2008 (Grèce, Ukraine…). Pour lui, politiques et observateurs des médias n’ont pas encore compris que les causes sous-jacentes de ce tumulte sont à chercher du côté de la déplétion des combustibles fossiles pas chers et facile d’accès. Ce que reprend en écho, dans un article intitulé « The peak oil Président ? », l’expert Richard Heinberg, auteur notamment du livre « Pétrole, la fête est finie ».
Donald Trump, professionnel de la télé-réalité, épouse simplement le mouvement du déni et du jusqu’au-boutisme
Dans ce monde qui est donc d’une manière ou d’une autre appelé à radicalement changer, il est également très étonnant que la plupart des citoyens ignorent encore non seulement la réelle mesure du danger que représente le bouleversement climatique en cours mais également les gigantesques implications du pic pétrolier mondial. Avec un tel constat d’ignorance, est-il étonnant que les négationnistes du réchauffement et autres climatosceptiques (réactions savamment anticipées par des pétroliers comme Exxon avant même que le problème ne soit vraiment posé sur la place publique dans les années 1980 – 90), ainsi que ceux qui nient la réalité mathématique du pic pétrolier, continuent à s’enfermer dans leurs croyances ? N’est-il pas en fait assez humain de rester d’une manière ou d’un autre dans le déni quand un problème nécessitant une certaine réflexion remet en fait en cause l’ensemble de la façon dont vous vivez ?
C’est dans ce contexte que s’inscrit l’arrivée d’une personnalité comme celle du milliardaire Donald Trump à la tête des Etats-Unis. Est-ce un hasard ? Est-ce un hasard que Donald Trump fasse des énergies fossiles une pierre angulaire de son programme ? Est-ce également un hasard qu’il nomme le président d’Exxon, Rex Tillerson, à la tête e la diplomatie américaine ? Le climatosceptique et procureur général d’Oklahoma Scott Pruitt comme « Monsieur Ecologie » à la tête de l’Agence de la protection de l’environnement des Etats-Unis (EPA) ? Ou encore un autre climatosceptique, ancien gouverneur du Texas, Rick Perry, au Secrétariat à l’Energie ? Est-ce également un hasard qu’il fasse disparaître le réchauffement planétaire du site internet de la Maison Blanche à la minute de son investiture, puis qu’il demande la même chose sur le site de l’Agence de l’EPA ?
Donald Trump peut difficilement ignorer qu’il va devenir de plus en plus difficile sur Terre de trouver du pétrole facile d’accès et pas cher et qu’en même temps la tendance internationale, qui s’est notamment exprimée à travers l’Accord universel de Paris sur le climat, est de réduire les émissions de gaz à effet de serre avec l’objectif de parvenir à un monde libéré du carbone, et donc des énergies fossiles, dans la seconde partie de ce siècle.
Dans le grand bouleversement en cours du monde, Donald Trump, professionnel de la télé-réalité, épouse simplement le mouvement du déni et du jusqu’au-boutisme, qu’il s’agisse de nier ou de minimiser l’importance vitale pour l’avenir de l’humanité d’un problème comme celui du réchauffement global, ou qu’il s’agisse de dire que de toutes façons on va trouver la solution à la question du pétrole grâce à la technologie, au « progrès ».
Pouvant être lu sur le site de la Maison Blanche, le plan énergétique America First de Donald Trump, maintenant devenu celui des Etats-Unis, annonce la couleur: « Maximiser l’utilisation des ressources américaines » fossiles pour se libérer de la dépendance énergétique au pétrole étranger. Tiens, tiens ! Cela ne sentirait-il pas le « peak oil » Mister President ? Pour cela, il faut selon la Maison Blanche éliminer les politiques « dangereuses et inutiles » comme le « Climate Action Plan » lancé par Barack Obama en 2013.
Ainsi, convaincue qu’il y a des réserves inexploitées sur le territoires des Etats-Unis, l’administration Trump veut ressusciter une industrie du charbon américaine aujourd’hui moribonde, et développer le charbon « propre ». C’est du reste avec de telles promesses que Donald Trump semble avoir fait la différence face à Hillary Clinton dans des états charbonniers et industriels comme la Pennsylvanie, la Virginie occidentale, le Michigan, l’Ohio, le Wisconsin…
Pour trouver encore plus d’hydrocarbures, il va falloir faire fonctionner la machine à dettes
« L’administration Trump embrassera la révolution du gaz et du pétrole de schiste pour apporter des emplois et la prospérité à des millions d’Américains », dit encore la Maison Blanche, y compris en allant forer sur les terres appartenant au gouvernement fédéral. Les revenus serviront à reconstruire routes, écoles, ponts et infrastructures publiques, poursuit-elle.
Si ses nominations sont validées par le Sénat, Donald Trump pourra compter sur son « Monsieur Ecologie » Scott Pruitt et bien sûr sur les industries du pétrole, du charbon et du gaz et leur « Monsieur Energie » Rick Perry pour appuyer sa politique. Il doit également pouvoir compter sur le Président d’Exxon Rex Tillerson aux Affaires étrangères, un « ami » des Russes. Visant l’énergie de l’Arctique russe et de la Sibérie occidentale, « Exxon ne joue rien de moins que son avenir en Russie. Pour un tel pari, il est utile de tenir dans sa main rien de moins que la diplomatie américaine », écrit l’expert français Matthieu Auzanneau sur son blog Oil Man. Pour ce spécialiste par ailleurs directeur de The Shift Project, think tank de la transition carbone en France et en Europe, le rapprochement d’Exxon et du Kremlin est du reste « un vertigineux symptôme de l’approche du pic pétrolier ».
Par ailleurs, pour trouver encore plus de pétrole et de gaz de schiste dans le sous-sol américain, il va falloir que l’administration Trump fasse fonctionner la machine à dettes, le monde de la finance. A ce stade, il est intéressant de revenir à la définition d’Ernst Friedrich Schumacher: l’économie réelle est dotée d’une économie primaire (les biens et services fabriqués de la nature) condition sine qua non de l’existence d’une économie secondaire (biens et services fournis par l’homme). Ces deux économies sont limitées par des boucles de rétroaction négatives: capacités naturelles pour la première, intrants naturels, capital et main d’œuvre pour la seconde.
L’Américain John Michael Greer a intégré dans cet ensemble une économie dite « tertiaire » (3), celle de la finance qui, dénuée pour sa part de limite naturelle, n’arrête de croître qu’avec la demande. “L’économie primaire est essentielle à la survie, l’économie secondaire est la source de toute richesse véritable en sus de ce qui est produit par la nature et l’économie tertiaire est simplement une façon de mesurer la richesse et de gérer sa distribution”, résume John Michael Greer (4).
Dit autrement, l’économie tertiaire est dépendante de la capacité productive de l’économie secondaire qui elle-même dépend des ressources de l’économie primaire. Ainsi, quand les limites géologiques de la production de pétrole apparaissent avec l’épuisement des réserves facilement accessibles, on comprend que cela freine l’économie secondaire car le coût d’extraction mesuré en énergie, travail et matériaux (qui ne dépend donc pas de la force du marché) augmente sans arrêt, au détriment de chaque autre activité productive de l’économie secondaire. En revanche, l’économie tertiaire, dans laquelle on produit de l’argent avec de l’argent, est moins impactée. Les investissements ont de plus en plus tendance à y rester car elle rapporte plus d’argent que l’économie secondaire. Une telle mécanique peut en particulier expliquer que les riches peuvent être toujours plus riches grâce à l’économie tertiaire tandis que l’on s’appauvrit encore et encore dans l’économie secondaire, celle du travail. Et c’est bien au final sur les limites de cette économie secondaire que risque se fracasser le plan de relance des énergies fossiles de Donald Trump, en accélérant au contraire l’arrivée de la déplétion pétrolière.
“Songez à la quantité de changements qui se sont déroulés pendant les cent dernières années, qu’il soient sociaux, techniques, culturels, politiques ou environnementaux: tous ces changements ne font pas le poids face à ce dont vous serez témoin au cours des vingt prochaines années”, a indiqué il y a déjà quelques années Dennis Meadows à Rob Hopkins, fondateur du mouvement Transition et qui lui demandait qu’elle était sa vision d’un avenir de “descente énergétique”. Donald Trump serait-il un hors-d’œuvre ?
(1) Small is beautiful. Une société à la mesure de l’homme. Paru aux Editions du Seuil. Collections Points Sciences. 1978. Version poche 1979. Aucune réédition depuis.
(2) EROI en anglais: energy return on investment.
(3) Ne pas confondre avec ce que la science économique appelle les secteurs primaire (agriculture), secondaire (industrie) et tertiaire (services).
(4) La Fin de l’abondance. L’économie dans un monde post-pétrole. Version française parue aux éditions Ecosociété, 2013.
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Pour info, les références au changement climatique n’ont toujours pas été retirées du site de l’EPA :
https://www.epa.gov/climatechange/climate-change-basic-information
(consulté le 26/01/2017)
C’est pour cela que le texte indique juste que Donald trump « a demandé » de retirer ces références.
Bonjour à vous,
c’est un excellent et nécessaire article ! Indispensable et à diffuser largement autour de nous ! Je voulais savoir si il était possible de reprendre en totalité ou en partie votre article pour que je le publie sur mon blog : https://docuclimat.com/ ?
en mentionnant évidement votre blog.
Je vais aussi le diffuser largement autour de moi,
Merci d’avance de votre réponse,
Yoann du blog docuclimat
Bonjour,
Oui vous pouvez le publier en mentionnant au début qu’il provient de ce blog et en ajoutant un lien. Merci d’avoir demandé.
Bonne continuation.
Vr
Merci ! J’espère que cela attirera aussi plus de gens vers vos autres articles qui sont excellents ! Je vais bien évidemment mentionner et bien mettre en avant votre blog que beaucoup de monde devrait lire.
A bientôt et au plaisir,
Yoann
Prediction : A la fin de son mandat, Trump sera inculpé pour crime contre l’humanité.
les graphiques ressemblent fort à la signature du Président Trump.
Bonjour, le graphique de la concentration en CO2 a une origine à 150 ppm, ce qui est moyennement honnête, si la hausse est réelle, cela amplifie l’effet visuel.
Bonjour,
Attention, ce graphique donne la concentration de CO2 sur 800 000 ans, d’où l’impression d’amplification. Il n’y a là aucune malhonnêteté, bien au contraire. Très réaliste à l’échelle géologique, ce graphique (réalisé grâce notamment aux données des paléoclimatologues) montre en effet que, jusqu’à notre ère industrielle, la concentration atmosphérique de CO2 a oscillé entre environ 170 et 300 ppm durant environ 800 000 années tandis qu’elle a augmenté de plus de 100 ppm depuis 150 ans (niveau préindustriel: 280 ppm). Ce qui constitue donc une augmentation particulièrement brutale à cette échelle.
Bonjour, j’ai oublié de vous prévenir que je l’ai publié 😉 J’ai bien mis en avant votre excellent blog :
https://docuclimat.com/2017/01/30/donald-trump-le-president-du-pic-petrolier-de-lurgence-de-comprendre-les-limites-physiques-a-la-croissance-economique/
Merci pour vos articles et continuez comme cela,
Cordialement,
Yoann
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