Rendant publique la synthèse de son 5e rapport, le GIEC confirme qu’il nous reste peu de temps pour espérer rester dans la limite d’un réchauffement global de +2°C par rapport aux niveaux de l’époque préindustrielle… Explication en trois points.
“Nous avons peu de temps avant que la possibilité de rester sous les 2°C ne disparaisse”… Et “il n’y a pas de plan B parce qu’il n’y a pas de planète B”. C’est, entre autres citations, ce qu’a indiqué Rajendra Kumar Pachauri à l’occasion de la présentation de la synthèse du 5e rapport du Groupement d‘experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qu’il préside et qui une fois de plus sonne l’alerte concernant les changements climatiques -fonte des glaces de l’Arctique, hausse du niveau des mers, inondations, sécheresses, phénomènes extrêmes…- et souligne l’urgence d’une action efficace.
« Nous n’avons que peu de temps… » Que veut dire par là Rajendra K. Pachauri ?
1- Même s’il est certain que la situation actuelle va générer des modifications climatiques durables et même s’il n’est pas certain qu’un réchauffement global de seulement +1,5°C ne sera pas catastrophique pour l’Humanité, la limite de +2°c par rapport au niveaux de l’époque préindustrielle est donnée comme la limite de dangerosité à ne pas dépasser si l’on veut conserver des chances de léguer aux générations futures un monde qui ne soit pas de plus en plus hostile. En clair, il n’est pas possible d’avoir un objectif moins ambitieux sans risque très élevé.
2- Les modèles climatiques montrent que les émissions cumulées de CO2 pour la période 2012-2100 ne doivent pas dépasser 270 milliards de tonnes de carbone (GTC) en moyenne (pour une plage allant de 140 à 410 GTC) si l’on veut respecter le scénario permettant de conserver une chance de rester dans la limite des +2°C (*). Précision: nous émettons actuellement environ 10 GTC de CO2 par an. Donc le temps presse effectivement.
3- Pour que l’on reste dans la limite des +2°C, les émissions anthropiques de gaz à effet de serre (CO2 et également méthane –CH4- protoxyde d’azote –N2O- halocarbures…) doivent être réduites de plus de 40 % à plus de 70 % en 2050 par rapport à 2010, puis tendre vers zéro d’ici la fin du siècle, estime le GIEC, comme l’a déjà précisé le 3e volet de son rapport. Par conséquent, outre un éventuel reboisement massif, soit on ne consomme pas tous les combustibles fossiles (pétrole, charbon, gaz) déjà disponibles, soit les technologies de captage et stockage se développent massivement… et bien sûr efficacement. Ce qui n’a à ce jour rien d’acquis. Quid donc de la limite des +2°C sans ces options d’ingénierie géologique ? Une invitation à se défaire d’urgence des énergies fossiles.
(*) 1 milliard de tonnes de carbone = 3,667 milliards de tonnes de CO2. 270 GTC équivaut à environ 990 GT C02
La messe est dite….
Il y a des solutions, de nombreuses possibilités d’agir, mais l’on est coincé entre les adeptes de la croissance à tout crin et les décroissants absolutistes qui proposent que l’on se mette la tête dans le sable et que l’on attende que cela passe.
Ce sera possible en activant tous les leviers, en économisant l’énergie, en recherchant d’autres modes de production d’énergie ; car sans énergie, nous serons totalement désarmés. Tout remettre à plat, mais pas anarchiquement, notre hypertechnicité fait que nous sommes dépendant d’une cascade d’éléments.
Une partie des solutions viendront des arbres, du bois, des végétaux, encore ne faut-il pas transformer les arbres en vaches sacrées, ce qu’ils semblent être devenus aujourd’hui pour certains. En France, la surface des forêts n’a jamais été aussi grande depuis plusieurs siècles, et beaucoup sont persuadés du contraire.
Il y a beaucoup à dire, à faire, par exemple si les crédits carbone n’étaient pas une monnaie d’échange, mais servaient au financement de l’enfouissement de déchets végétaux inutiles, ce serait déjà un bon début… Végétaux qui sont la solution de captage du carbone la plus (la seule ?) efficace.
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