Quel projet de société « désirable » va pouvoir « inventer » notre démocratie dans un environnement sans croissance, disposant de moins en moins d’énergie (fossile), mais confronté à de plus de plus de problèmes climatiques ? C’était, début février, le sens profond d’une intervention de l’expert énergie-climat Jean-Marc Jancovici devant les députés de la commission « développement durable » de l’Assemblée nationale.
« Décoiffante ». Ainsi certains députés de la commission « développement durable » de l’Assemblée nationale ont qualifié l’intervention que leur a proposée l’expert énergie-climat Jean-Marc Jancovici, à l’occasion d’une audition début février. Il est vrai que l’intéressé a expliqué plusieurs vérités « physiques » que nos élus n’ont visiblement pas l’habitude d’entendre. Retenons en quatre principales :
– « Sans énergie, le monde moderne n’existerait pas ».
– « Il n’y a pas assez d’énergie pour que le « smicard » français continue à consommer comme il le fait ».
– « En première approximation, le PIB mondial ne dépend que de l’énergie disponible ».
– « Il n’y aura plus de croissance maintenant en Europe ».
Si l’on a n’a vu bondir personne à l’écoute de telles affirmations (c’était le matin), on confirme en revanche que les députés ne connaissent pas encore très bien les ouvrages et la logique de Jean-Marc Jancovici, par ailleurs membre du Comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot, président de The Shift Project (Le Projet de changement) et responsable avec l’économiste Alain Grandjean, du cabinet de conseil Carbone 4.
Une « nouvelle » manière de voir l’histoire, l’économie, le travail…
L’élu socialiste Arnaud Leroy croyait par exemple qu’il était « climatologue ». D’autres le (re)connaissent surtout comme un « partisan du nucléaire ». Du reste, leurs questions ont souvent glissé vers l’atome, sinon les énergies dites « nouvelles »: « Quid du nucléaire et de Fessenheim ? » a demandé l’UMP Martial Saddié qui veut également mettre dans ce « débat sociétal » le gaz de schiste. « Quid de l’objectif de 50% de la part du nucléaire ou des biocarburants à base d’algues ? », a interrogé en écho le divers gauche Olivier Falorni. Et quid encore des hydrates de méthane, de l’hydrogène… ? Le socialiste Philippe Plisson se le demande.
Il y a aussi ceux qui semblent un peu mieux connaître Jean-Marc Jancovici. C’est le cas de l’écologiste Denis Baupin, s’avouant d’accord sur le « diagnostic » mais pour qui le raisonnement est à « reconfigurer » à l’aune de Tchernobyl et de Fukushima. Avec donc une « équation énergétique à revoir », plus favorable aux énergies renouvelables de type éolien ou photovoltaïque.
Néanmoins, ces questions ou commentaires pourront paraître assez « hors sujet », sinon insuffisantes à qui écoute avec attention les propos de l’expert, dont le but était « légèrement » différent que de débattre du nucléaire ou des gaz de schiste. Ce qui est en fait intéressant de retenir en priorité chez Jean-Marc Jancovici, c’est qu’il propose une « nouvelle » manière de voir et de comprendre l’histoire, l’économie, le travail…
L’économie, « une énorme machine à transformer des ressources naturelles gratuites »
Reprenons son discours. Jean-Marc Jancovici explique tout simplement que notre développement économique, la mondialisation, nos acquis sociaux, l’augmentation de notre niveau de vie, de notre espérance de vie, de notre population ou encore de nos possessions matérielles et de notre confort, sont des conséquences directes de l’afflux d’énergie issue des découvertes des énergies fossiles (environ 80% de l’énergie consommée dans le monde, 70% en France). De là, c’est bien le PIB et sa croissance, la sacro sainte Croissance, qui sont en fait fonction du volume d’énergie fossile disponible, tout comme du reste les émissions de gaz à effet de serre.
Données interactives du Shift Project sur la consommation primaire d’énergie. La part des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz) est écrasante.
Et que se passe-t-il à présent ? « Depuis 1980, l’approvisionnement énergétique n’augmente plus hormis en Chine. Depuis 2007, nous n’avons plus de croissance en monnaie constante », indique Jean-Marc Jancovici. La faute à un « approvisionnement énergétique contraint ». Un fait « physique » et non une théorie idéologique. Un fait qui nous renvoie à la notion de pic énergétique.
La suite ? Pour progresser, nous sommes maintenant « contraints » de faire des plans sans croissance car « la croissance « perpétuelle » ne reviendra plus » en Europe. Là encore, c’est la physique, la nature qui le veut, pas Jean-Marc Jancovici. Pour lui, il faut s’adapter et revisiter notre façon d’appréhender l’économie et le travail. « L’économie est une énorme machine à transformer des ressources naturelles gratuites qui ne sont nulle part dans nos indicateurs. Le capital est seulement une boucle interne à ce système : il représente des ressources naturelles et du travail passé », explique l’expert pour qui l’énergie a également « complétement déplacé la structure des métiers » depuis deux siècles.
L’afflux d’énergie a stimulé l’apparition et la croissance du chômage
Traduction : on a mis de plus en plus d’énergie dans l’agriculture (tracteurs, machinisation…) et donc le travail est allé ailleurs, d’abord dans l’industrie puis, au fur et à mesure où l’énergie a également envahi l’industrie (robotisation, informatisation…), dans les services. Et on s’est urbanisé, toujours plus. On en arrive même au paradoxe apparent que plus il y a de services, même « dématérialisés », plus on émet de CO2…
Mieux encore, Jean-Marc Jancovici situe au premier choc pétrolier une bascule : auparavant, l’élément limitant la croissance était « le travail ». Il y avait même « trop » de travail. Après 1974 et avec l’apparition des contraintes d’approvisionnement en pétrole, « l’élément limitant est devenue l’énergie », souligne-t-il. Avec comme corollaire la création durable d’une nouvelle catégorie de personnes : « les chômeurs ». Autrement dit, c’est l’afflux d’énergie qui a stimulé l’apparition, puis la croissance du chômage. Tout comme c’est l’afflux d’énergie qui a engendré l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, et donc le changement climatique actuel.
« Je connaissais Marx, voilà Jancovici ! », a ironisé le communiste indépendant Patrice Carvalho. Jugeant l’exposé « un peu hard », le député se demande comment on va faire pour l’avenir « avec 6 millions de personnes au chômage ou qui n’arrivent pas à se loger. Votre message est fort mais qu’est-ce que vous proposez ? Le suicide collectif ? », a-t-il lancé.
Vivre au rythme des récessions, ou bien investir pour « décarboner » l’économie?
Là encore, écoutons attentivement. La logique de Jean-Marc Jancovici conduit à penser que c’est en inversant de manière volontaire l’équation énergie – travail (moins d’énergie consommée, plus de travail –manuel- pour tous) qu’on arrivera à proposer un futur « désirable » pour les 40 ans qui viennent, qu’on inventera l’économie « qui permet d’avoir de l’aspiration sociale et de l’espoir pour l’avenir, avec de moins en moins de combustibles fossiles », et avec aussi de plus en plus de « changement climatique ».
Ce que propose Jean-Marc Jancovici, et ce qu’illustre notamment l’association The Shift Project qu‘il préside, c’est ni plus ni moins un investissement massif (en milliers de milliards d’euros) et « volontaire », jusqu’à 2050, pour « décarboner » l’économie, pour restructurer villes et paysages agricoles, pour limiter les affres climatiques… Plus qu’une transition « énergétique », il s’agit d’une transition « carbone » ou même d’une transition de civilisation.
C’est pour ce projet de long terme, projet de survie humaine mais également projet d’espoir et pourquoi pas projet d’emploi pour tous, que les députés sont en fait invités à réfléchir, à avoir une « vision », à « inventer des réponses », comme l’a du reste dit l’un d’eux, l’UMP Edouard Philippe.
Osons-le : nos élus sont en fait non « invités » mais plutôt « condamnés » à trouver des réponses. « Si on reste sur la ligne actuelle », business as usual, l’expert promet une succession de récessions, donc de l’agitation sociale « très forte » et des risques réels pour la démocratie. « Le temps presse », dit-il, faisant allusion à ces périls climatique et économique en cours. « Le premier qui le fera (La gauche ? La droite ? Le centre ? La France ? L’Europe ?… n.d.l.r.) emportera le morceau »… Ce qui va donc bien plus loin que la seule problématique des énergies renouvelables ou du nucléaire, non ?
Jean-Marc Jancovici: « Aucune énergie n’est vraiment propre »
Si l’on considère que le CO2 c’est « supra », alors « le nucléaire évite plus d’inconvénients qu’il n’en crée », a répondu à Jean-Marc Jancovici aux questions des députés sur l’atome. L’expert énergie-climat ne se dit pas pour autant forcément opposé aux énergies renouvelables. « Je suis favorable au solaire à concentration dans le désert », a-t-il lancé en exemple. En revanche, estimant qu’ « aucune énergie n’est vraiment propre » et qu’à ce jour l’éolien et le solaire photovoltaïque ne sont pas rentables alors qu’il y a urgence à agir, il refuse de faire de l’écologie « sentimentaliste ».
Ne confondons pas PIB avec l’augmentation de l’énergie consommée; c’est une croyance destructrice, inhibitrice! L’Intelligence Humaine avec ses capacités de créativité est LA ressource de croissance de laquelle naîtra la PRODUCTION D’INTELLIGENCE BRUTE remplaçant en 2030 le Produit Intérieur Brut devenu has-been car nous aurons changé de « monde et croyances ».
La FRANCE doit radicalement s’engager dans la Nouvelle Industrie Durable construite sur deux axiomes stratégiques :
– Croissance de l’UTILISATION de l’INTELLIGENCE HUMAINE au travers de ses OUT-NOVATIONS ( sortir du cadre pour Inventer, Innover développer des produits services radicalement nouveaux ) et BREVETS,
– Décroissance simultanée de l’Énergie et des Matières Premières consommées par Unités produites intégrant le Transport vers les consommateurs finaux.
Consommer moins de matières premières par produits construits (diviser par 2), réduire dans le même process l’énergie nécessaire (diviser par 4), y compris pour la livraison aux consommateurs, manager l’INTELLIGENCE des procédés (multiplier par 2) tout en réduisant les temps de fabrication (moins 30%). Notre handicap majeur se situe dans notre incapacité collective à MANAGER L’INTELLIGENCE HUMAINE DANS L’INTERET DE TOUS! Ce sujet sera un des enjeux majeurs de la survie de la VIE sur la TERRE!
Voilà la troisième révolution industrielle irriguée de numérique et électronique avec de nouveaux matériaux tel le GRAPHENE.
VOILA LA NOUVELLE CROISSANCE DES PROCHAINES DÉCENNIES génératrice d’activités et valeur.
2013 Pour un Produit A0 = 15 (Intelligence + Main d’œuvre de Production) + 70 Matière + 15 Énergie Globale qui coute X0 Euros
2030 Pour un Produit A1 rendant les mêmes services que A0 = 60 (Intelligence + Main d’œuvre de Production) + 35 Matière + 5 Énergie Globale qui coutera X1