4 137 000 km2: 2ème plus faible minimum estival pour la banquise arctique

Ayant battu en mars le record de son plus faible pic de superficie annuel, la banquise de l’Arctique a atteint en septembre sa plus faible surface d’été depuis 2012, avec seulement 4,1 millions de kilomètres carrés pris par les glaces. Sur la calotte polaire du Groenland, entre le 1er janvier et la mi septembre, le dégel a pu dépasser 100 jours sur certains secteurs de l’extrême nord et du sud-ouest, avec une tendance à la baisse de l’albédo, favorisant elle-même une amplification de la fonte des glaces.

Superficie de la banquise de l'Arctique. En rouge 2016, en pointillés verts 2012, en noir la moyenne 1981-2010. Doc. NSIDC

Superficie de la banquise de l’Arctique. En rouge 2016, en vert (pointillés) 2012, en noir la moyenne 1981-2010. Doc. NSIDC

En nette diminution depuis des décennies, particulièrement ces dix dernières années, le minimum estival de la banquise arctique a atteint le 10 septembre, avec 4 137 000 km2 d’après les données satellitaires, son point le plus bas depuis 2012, année qui avait marqué un record absolu – 3 387 000 km2 le 17 septembre. Selon l’Agence américaine National Snow and Ice Data Center (NSIDC), 2016 marque ainsi, depuis que l’on effectue ce type de relevés, la seconde plus basse étendue de glace avec 2007, année durant laquelle un minimum de 4 154 000 km2 avait été enregistré le 18 septembre.

Début septembre, une accélération finale de la fonte due à deux tempêtes qui ont facilité la dislocation des glaces

Le minimum de 2016 est inférieur de plus de 2 millions de kilomètres carrés à la moyenne des minimums enregistrés entre 1981 et 2010, soit environ quatre fois la superficie de la France en moins. Les données satellitaires montrent notamment, du Canada à la Russie, de grandes surfaces d’eau libre de glace dans les mers de Beaufort et des Tchouktches ainsi que dans les mers de Laptev et de Sibérie orientale.

La banquise arctique le 10 septembre à son minimum 2016. Doc. NSIDC

La banquise arctique le 10 septembre à son minimum 2016. Doc. NSIDC

Après avoir battu en mars le record de son plus faible pic annuel de superficie, avec 14 523 000 km2 le 24 mars, la banquise a ensuite fondu à un rythme très soutenu jusqu’en juin. Néanmoins, un temps plutôt orageux, frais et nuageux, a favorisé durant l’été l’absence d’ensoleillement, et ainsi un ralentissement de la fonte des glaces, explique l’agence NSIDC. La fonte est néanmoins repartie de plus belle dans la première dizaine de septembre, au rythme moyen de 34 100 km2 par jour, toujours selon l’agence américaine, atteignant donc le minimum annuel de 4,137 millions de kilomètres carrés. Les scientifiques associent cette accélération finale au passage en août dans la région de deux tempêtes qui ont facilité la dislocation de glaces.

Les cinquante jours de fonte de glace sont atteints sinon dépassés sur une bonne partie du pourtour de la calotte polaire du Groenland

En ce qui concerne la calotte polaire (ou inlandsis) du Groenland (*), le pic de la superficie de glace en fonte a été atteint le 19 juillet avec 43% de la surface de la calotte touchés, ce qui est bien supérieur à la moyenne 1981-2010 (un peu plus de 20%), mais reste loin derrière 2012, année record où la glace fondait sur 97% de la surface de l’inlandsis entre le 10 et 11 juillet. NSIDC explique qu’en juillet 2016 la fonte a eu lieu plus fréquemment que la moyenne 1981-2010 sur la moitié nord de la calotte ainsi que près des côtes dans la moitié sud. Elle a en revanche été un peu moins fréquente en haute altitude sur la moitié sud.

Jours de fonte de la calotte polaire du Groenland entre le 1er janvier et le 24 septembre 2016. Doc. NSIDC

Jours de fonte de la calotte polaire du Groenland entre le 1er janvier et le 24 septembre 2016. Doc. NSIDC

Par ailleurs, le nombre de jours de fonte entre le 1er janvier et la mi-septembre 2016 a pu dépasser cent jours dans certaines parties de l’extrême nord, vers Peary Land, ainsi que du Sud-Ouest, vers Nuuk. Les cinquante jours de fonte de glace sont atteints sinon dépassés sur une bonne partie du pourtour de la calotte, notamment dans les parties nord et ouest.

Albédo en baisse

Une comparaison entre les quatre premiers jours d’août 2016 et la moyenne 2000-2009 des quatre premiers jours d’août, montre en plus une baisse de l’albédo de 6% au moins sur une bonne partie de la calotte polaire, notamment dans sa moitié sud et au nord-est. Cette anomalie atteint 18% dans certaines zones du nord-est et du sud-ouest.

Anomalie d'albédo mesurée début août 2016 par rapport à la moyenne des début août de la période 2000 - 2009. Doc. NSIDC

Anomalie d’albédo mesurée début août 2016 par rapport à la moyenne des premiers jours d’août de la période 2000 – 2009. Doc. NSIDC

L’albédo est le rapport de l’énergie solaire réfléchie par un sol sur l’énergie solaire reçue. En clair, c’est la capacité des couleurs à plus ou moins renvoyer la lumière vers l’espace. La couleur blanche de la neige et de la glace renvoie ainsi beaucoup de lumière, d’énergie. Plus cette couleur blanche disparaît, plus l’océan ou la roche ou la terre, de couleur plus foncée, retient de chaleur… Et plus la glace fond… Et ainsi de suite. Dit autrement, l’albédo favorise une rétroaction « positive » dans la dynamique du dégel, c’est-à-dire qui amplifie avec le temps la fonte des glaces.

* La calotte est la glace qui se forme sur une terre immergée. La banquise est la glace qui se forme sur la mer.

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