Le 9 avril, la concentration journalière de dioxyde de carbonne a atteint la valeur record de 409,44 ppm à l’observatoire de Mauna Loa, à Hawaï. Pendant la semaine qui a commencé le 10 avril, la concentration moyenne hebdomadaire a atteint 408,69 ppm, + 4,59 ppm par rapport à 2015. Autant de records qui peuvent toutefois être encore battus cette année. Avec une telle vitesse d’augmentation, quid du temps imparti pour limiter le réchauffement global à +2°C ?
La concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint la moyenne mensuelle record de 404,83 parties par millions (ppm) en mars à l’observatoire de Mauna Loa (Hawaï) qui fait référence en la matière. C’est 3,29 ppm de plus qu’en mars 2015. L’an passé, le record mensuel avait été établi en mai avec 403,26 ppm. Ce record a été battu dès le mois de février (404,02 ppm) puis donc en mars.
Les augmentations relevées dépassent régulièrement + 3 voire + 4 ppm par rapport à 2015
Il est néanmoins très provisoire car le pic de concentration annuel du CO2 est traditionnellement relevé en avril – mai, pendant le printemps de l’hémisphère nord, c’est-à-dire avant que la végétation de cette partie du globe n’exerce son rôle de pompe à carbone. Ce record va même selon toute vraisemblance faire un nouveau bond en avril, mois durant lequel l’observatoire de Mauna Loa a déjà enregistré des records de moyennes journalières grimpant jusqu’à 409,44 ppm le 9 avril ainsi que des records de moyennes hebdomadaires atteignant jusqu’à 408,69 ppm pour la semaine commençant le 10 avril (+4,59 ppm par rapport à 2015).
A ce stade, les augmentations relevées dépassent régulièrement + 3 voire + 4 ppm par rapport à l’an passé alors qu’elles ont été d’un peu plus de 2 ppm pour les dernières années avec un pic à + 3,05 ppm en 2015, ce qui est déjà une accélération par rapport aux années antérieures. Jusqu’à 2010, cette vitesse était encore souvent inférieure à +2 ppm, comme le montrent les données de l’agence américaine NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration).
Cette augmentation de la vitesse de concentration de CO2 peut être en partie attribuée au phénomène El Nino qui a tendance -avec les sécheresses et inondations qu’il provoque- à affaiblir la capacité de stockage de CO2 des écosystèmes terrestres. Mais elle peut également être attribuée en partie au cumul des émissions de CO2 issues de la combustion du pétrole, du charbon et du gaz.
La concentration atmosphérique de CO2 continuera à augmenter même quand les émissions dues à l’homme connaîtront un pic et commenceront à baisser
Mathématiquement, une telle vitesse de concentration a tendance à réduire en plus les chances de parvenir à limiter le réchauffement global à un stade qui ne soit pas “dangereux” pour l’avenir humain. En effet, d’une part la concentration actuelle de dioxyde de carbone dans l’atmosphère est déjà supérieure à ce qu’il faudrait en 2100 pour espérer limiter le réchauffement à +1,5°C (350 – 400 ppm de CO2, 430-480 ppm équivalent CO2 tous gaz à effet de serre confondus), selon les travaux du GIEC, Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat.
D’autre part, pour conserver grosso modo une chance sur deux de limiter le réchauffement global à +2°C en 2100 depuis l’époque préindustrielle, il convient de limiter la concentration de CO2 à 450 ppm (530 ppm équivalent CO2 si on prend en compte tous les gaz à effet de serre), a également expliqué le GIEC. Problème: la concentration de CO2 dans l’atmosphère est un phénomène qui possède beaucoup d’inertie. Elle continuera à augmenter même quand les émissions dues à l’homme connaîtront un pic et commenceront à baisser. A ce moment là, c’est juste un ralentissement de l’augmentation de la concentration de gaz carbonique que l’on peut espérer.
Plus la vitesse de concentration du CO2 augmentera, plus le temps imparti pour parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière à limiter le réchauffement à +2°C, se réduira comme peau de chagrin
La concentration atmosphérique de CO2 commencera à baisser seulement quand les émissions anthropiques seront inférieures à la capacité d’absorption des écosystèmes terrestres et des océans, c’est-à-dire quand les émissions humaines de dioxyde de carbone auront en fait été divisées au moins par deux. Elles sont actuellement de l’ordre de 40 milliards de tonnes tous les ans… Et une récente étude vient de déterminer qu’une telle dose de carbone est dix fois plus importante que le taux maximal de CO2 injecté annuellement dans l’atmosphère il y a 66 millions d’années, au maximum thermique du Paléocène–Eocène, un épisode de l’histoire de la Terre marqué par la disparition des dinosaures.
Enfin, plus la vitesse de concentration augmentera, plus le temps imparti pour parvenir à réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière à limiter le réchauffement à +2°C, se réduira comme peau de chagrin, mécaniquement. Ne permettant pas à ce jour une telle réduction, les ambitions nationales de réduction des émissions (INDCs) données à l’occasion de la COP21 (1) ne doivent être revues qu’en 2025. Or, les 450 ppm de CO2 risquent bien ne plus être très loin à cette date…
(1) 21ème conférence des parties (pays) adhérant à la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques.
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