Avec + 0,85°C par rapport à la température moyenne du XXème siècle, le mois mars 2015 est le plus chaud jamais enregistré par les scientifiques du centre de données de l’agence américaine NOAA. La période janvier-mars 2015 établit elle aussi un record. Alors qu’on donne à El Nino -boosteur de la température à la surface de la Terre- 60 % de chances de se poursuivre jusqu’à la fin 2015 au moins, ces données positionnent déjà 2015 en bonne place pour établir un nouveau record de réchauffement global.
Le mois de mars 2015 a connu une température moyenne record. Il a été plus chaud de 0,85°C que la moyenne des mois de mars du XXème siècle (12,7°C), selon les relevés effectués par le centre de données climatiques de l’Agence américaine NOAA (National Oceanic and Atmosphéric Administration). En un an, c’est le 7ème mois à battre son record après mai, juin, août, septembre, octobre et décembre 2014, avril ayant pour sa part tutoyé le record de 2010, toujours d’après l’agence américaine.
Selon NOAA, tous mois confondus, mars 2015 est même le troisième plus grand écart à la moyenne jamais enregistré (derrière les mois de février 1998 et janvier 2007) depuis que l’on effectue ce genre de statistiques (1880), le mois de février 2015 étant pour sa part le 4ème. L’écart à été de +1,65 °C sur les continents (jusqu’à 1,89 °C dans l’hémisphère nord) et de +0,55°C à la surface des océans.
2015 est bien partie pour devenir, devant 2014, la plus chaude jamajs enregistrée, d’autant plus que le phénomène El Nino -véritable boosteur de la température globale- s’est maintenant bien réveillé
Le centre Goddard de la NASA estime pour sa part, qu’avec +0,84°C mars 2015 est le 3ème mois de mars le plus chaud par rapport à la moyenne 1951-1980, derrière mars 2002 (+0,88°C) et mars 2010 (+0,87°C). Le troisième mois de l’année a été particulièrement chaud sur le nord de l’Eurasie et l’Ouest de l’Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada), ce qui contraste avec le froid subi par le Nord-Est américain (Etats-Unis, Québec).
Ajoutés aux résultats de janvier et de février, tous deux classés par NOAA 2èmes mois les plus chauds de leurs catégories, ces résultats font du 1er trimestre 2015 le plus chaud depuis le début de l’industrialisation, avec +0,82°C par rapport à la moyenne du XXème siècle et même +1,59°C à la surface des continents, ce qui constitue la aussi un record.
Cette année est en fait bien partie pour devenir, devant 2014, la plus chaude jamajs enregistrée, d’autant plus que le phénomène El Nino -véritable boosteur de la température globale- s’est maintenant bien réveillé, même s’il reste de catégorie « faible ». En un mois, il a augmenté à 70 % ses chances de perdurer cet été. Les scientifiques de NOAA lui donnent même 60 % de se poursuivre pendant l’automne au moins, donc jusqu’à la fin de l’année…
El Nino provoque un mouvement ascendant de chaleur dans l’atmosphère, celle-ci s’exportant aux hautes latitudes des deux hémisphères, renforçant le phénomène de réchauffement global
Phénomène cyclique, le phénomène El Nino est révélateur des interactions agissant au sein de la machine Terre et de la subtilité des liens qui unissent les courants marins, la salinité, la température de l’eau, celle de l’atmosphère, les vents, les basses et hautes pressions, et même l’apparition du plancton, base de la vie marine. Il survient quand un réservoir d’eau de surface suffisamment chaude dans le Pacifique Ouest se conjugue à un simple affaiblissement des alizés (vents d’est) dans le Pacifique Est et à un vent d’ouest dans le Pacifique Ouest. Ces mouvements génèrent alors un déplacement des eaux de surface chaudes vers l’est.
Alors qu’il pourrait sembler assez « inoffensif » à la lecture, ce type de phénomène possède des effets météorologiques régionales et planétaires lourds de conséquences selon sa force:
– Arrivée d’une eau plus chaude sur les côtes de l’Est de l’Amérique latine stoppant la remontée (upwelling) des courants profonds riches en nutriments, d’où arrêt de la formation de plancton, d’où chute des quantités de poissons pêchés et donc de l’activité des pêcheries (Equateur, Pérou, Chili…). C’est du reste ce qui a donné au phénomène le nom d’El Nino (traduction: l’Enfant Jésus), les pêcheurs péruviens ne prenant plus de poissons à cause de lui au moment de Noël.
– Convection atmosphérique accumulant l’énergie et renforçant les vents d’ouest d’un côté (Pacifique Est, de la Californie à l’Amérique du Sud), avec fortes pluies, inondations, glissements de terrain, et de l’autre (Pacifique Ouest, de l’Australie à l’Asie du Sud en passant par l’Indonésie et même éventuellement l’Inde) sécheresse propices aux incendies, pertes de récoltes, affaiblissements de mousson, etc.
– Croissance du risque de fragilité des prix de certaines denrées agricoles (cacao, café, canne à sucre, huile de palme…), c’est-à-dire la production de base de la zone tropicale.
– Mouvement ascendant de chaleur dans l’atmosphère, celle-ci s’exportant aux hautes latitudes des deux hémisphères, renforçant le phénomène de réchauffement global. C’est ainsi largement à cause d’un El Nino puissant que l’année 1998 s’est retrouvée nettement au dessus des années qui la précédaient en termes de fièvre du thermomètre planétaire, modérant ainsi la hausse moyenne généralisée de la température qui a suivi depuis le début du 21e siècle.
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