Selon Airparif, la concentration de particules fines PM2,5 mesurée dans Paris quand on s’éloigne d’un axe comme le périphérique, ne provient qu’à 8% du trafic de l’agglomération. Ce qui trahit une pollution de fond massive qui dépasse largement les frontières de l’agglomération, de la région et même du pays.
Alors paraît-il que si on réglait le sort des voitures diesel à Paris, entendez si par exemple on les remplaçait par des essences, on réglerait la question des nuages de pollution toxique dans le secteur ? Faisons donc une estimation en utilisant les chiffres d’Airparif… Et en confirmant d’emblée qu’une voiture diesel émet, par rapport à une voiture essence, une belle grosse dose de particules fines (30 fois plus) et de dioxyde d’azote (2 fois plus), lui-même précurseur de particules…
Dans son rapport sur l’origine des particules en Ile-de-France de septembre 2011, Airparif estime que, dans Paris « en site urbain de fond » éloigné du trafic version périphérique, les PM2,5 (les plus petites particules, les plus dangereuses et qui représentent 70% des PM10 en Ile-de-France) sont des particules “importées” à 68 % (1). “Un tiers seulement est généré par des sources localisées dans l’agglomération parisienne”, commente l’association de surveillance de l’air parisien sur son site internet (2).
Conséquence: la concentration de PM2,5 mesurée dans ce genre d’endroit (Airparif a installé une station dans le 4e arrondissement, sur un toit à environ 20 mètres de hauteur) ne provient en moyenne annuelle qu’à 8% du trafic de l’agglomération (3). Ce qui n’est pas contradictoire avec le fait qu’un quart des émissions directes de particules fines de la région Ile-de-France provient du trafic (56% pour Paris). Il ne faut pas confondre la concentration mesurée et… les émissions locales et régionales.
Sous le diesel des particules fines… et sous l’essence des COV !
Dés lors, même en considèrant que 91% des émissions d’oxydes d’azote et 96% des émissions de particules fines du trafic parisien, proviennent de pots d’échappement diesel, éliminer les voitures diesel améliorerait certes la situation quotidienne des particules fines au niveau des axes régulièrement saturés comme le périphérique, mais semble bien insuffisant pour régler la question de nos nuages géants de pollution. D’autant que quand on dit diesel, on dit aussi… véhicules utilitaires et poids-lourds, fonctionnant quasiment tous avec ce carburant et émettant par unité au moins deux fois plus de particules fines qu’un véhicule diesel particulier et 70 fois plus qu’une voiture essence…
En plus, c’est sacrément vicieux les énergies fossiles… Remplacez votre voiture diesel par une essence et hop vous émettrez bien moins de particules fines mais… plus de gaz à effet de serre et beaucoup plus de COV, composés organiques volatils (4). L’été vous participerez donc d’autant aux pics d’ozone troposphèrique, l’autre pollution nuageuse toxique de nos agglomérations. La situation sera même pire si vous décidez de troquer votre auto pour un deux-roues ! Un deux-roues de motorisation moyenne émet, toujours selon AIrparif, six fois plus de COV qu’un véhicule personnel à essence…
Reste les véhicules hybride et électrique direz-vous, mais dans ces cas, même si on le dit très peu, le problème des émissions est au moins en partie transféré à environ 70% (proportion mondiale de production électrique issue des énergies fossiles) dans les centrales… à charbon, au fioul et à gaz.
Reste donc surtout à “décarboner” dare-dare… à tous les niveaux !
Etonnant, non ?
(1) Au niveau du périphérique, les émissions de PM2,5 sont importées à 39%.
(2) Ce qui illustre l’importance de l’accumulation de ces particules dans notre environnement ainsi que leur remise en suspension. Les prévisions de ce mercredi19 mars pour le jeudi 20 mars 2014, montrent que, depuis la semaine précédente, les concentrations importantes ont certes diminué mais sont toujours présentes en Europe, notamment au nord de l’Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark, en Pologne, à l’Ouest de la Biolorussie et de l’Ukraine…
(3) Cela ne veut évidemment pas dire que la responsabilité du trafic en général est à cette hauteur. Dans les émissions « importées », il y a bien sûr également des émissions dues au trafic: émissions directes et également émissions indirectes dues notamment aux réactions chimiques du NO2.
(4) 83% des émissions de COV dues au trafic routier proviennent des véhicules à essence, selon Airparif.
Ping : Chasser les voitures diesel à Paris, c&r...
peut-on m’expliquer en quoi l’agriculture est responsable partiellement des particules fines ?
Franchement, c’est quand on se dirige vers une grande ville qu’on voit le ciel marron au-dessus de la ville, pas quand on va vers la campagne. Ce ne sont pas quand-même quelques tracteurs disséminés dans les champs qui polluent autant que le traffic constant des villes. Merci d’éclairer ma lanterne.
L’agriculture, notamment l’élevage et ses rejets, est la source principale (à 97% selon le CITEPA) d’émissions d’ammoniac (NH3), précurseur de particules fines une fois qu’il est dans l’atmosphère.
Site trés intéressant mais beaucoup d’articles ne sont pas datés, dommage ; de même sur le site http://www.sortirdupetrole.com/.
A bientôt , Charles
Le nom de particules fines est un fourre tout qui ne veut pas dire grand chose. Il y´en a qui sont probablement cancerigene car tres reactive et d´autres moins et il est fort probable que les moteurs a explosion produisent des composes plus reactifs. Une telle generaliastion derriere un terme aussi imprecis permet de noyer le poisson.
Il suffit de respirer l´air a la campagne apres le passage d´une machine agricole pour savoir que le diesel est une des sources principales de pollution. A cote un feu de cheminee avec du bois sec, ca sent la rose, et surtout ca sent pas grand chose.