En 2015, la concentration annuelle de dioxyde de carbone dans l’atmosphère devrait atteindre 400 ppm à l’observatoire Mauna Loa d’Hawaï tandis que la concentration totale de CO2, de CH4 (méthane), de N2O (protoxyde d’azote) et d’halocarbures (CFC, HCFC, HFC..) dépassera 480 ppm équivalent CO2. Si cette concentration continue à progresser au-delà de 530 ppm équivalent CO2, selon les données du GIEC, la dernière chance de rester dans la limite d’un réchauffement de +2°C fondra rapidement.
La concentration de CO2 au mois de septembre a atteint son minimum annuel 2014 à l’observatoire Mauna Loa avec 395.29 ppm, soit une concentration supérieure à ce qu’était la concentration mensuelle maximale il y a seulement trois ans (394.21 ppm, mai 2011). Variant de manière saisonnière en fonction de la couverture végétale de l’Hémisphère Nord, qui rassemble la majorité des terres de la planète, cette concentration est maintenant repartie à la hausse et devrait atteindre sa moyenne maximale 2015 vers mai prochain avec un taux de l’ordre de 403-404 ppm, la barre des 400 ppm devant être dépassée d’ici le mois de mars. On peut également s’attendre à ce que 2015 affiche à Mauna Loa une concentration annuelle supérieure à 400 ppm. Elle était de 396.48 en 2013.
Le Laboratoire de recherche sur le système terrestre (Earth systeme research laboratory) de l’agence américaine NOAA (National oceanic and atmospheric administration) a mis en place une estimation globale moyenne de la concentration de CO2 à partir d’un réseau de sites de mesures marins, et qui se trouve légèrement en dessous des valeurs de Mauna Loa (495,33 ppm pour 2013). En ajoutant à ce CO2 les gaz à effets de serre comme le méthane (CH4), le protoxyde d’azote N2O ainsi que les halocarbures (CFC, HCFC, HFC…), l’index annuel des gaz à effet de serre de NOAA fournit une concentration globale de gaz à effet de serre de 479 ppm équivalent CO2 (éq.CO2), toujours pour 2013.
430 – 480 ppm en 2100 = niveau moyen de réchauffement de + 1,5 °C à + 1,7°C… mais avec un risque de + 2,8°C
Cette concentration de gaz à effet de serre était de 474 ppm éq.CO2 en 2012, 469 en 2010, 441 en 2000, 417 en 1990… Sur la tendance actuelle, les 500 ppm éq.CO2 seront en ligne de mire d’ici 2020, et les 530 ppm éq.CO2 en 2030.
Pour rester dans la limite d’un réchauffement de + 1,5°C, ce qui a été initialement préconisé, il aurait fallu viser en dessous d’une concentration de 430 ppm éq.CO2 en 2100, ce qui semble bien hors de portée désormais.
Si l’on veut maintenant conserver des chances de rester sous la limite d’un réchauffement de +2°C par rapport aux niveaux de l’époque préindustrielle, le Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) souligne dans son dernier rapport qu’il convient de viser une concentration de l’ordre de 450 ppm éq.CO2 en 2100 (fourchette 430 – 480 ppm). Sans éliminer tout risque de réchauffement supérieur à 2°C (+ 2,8°C pour l’extrémité supérieure de la fourchette), le niveau moyen d’augmentation envisagé est dans ce cas de + 1,5°C à + 1,7°C par rapport à la période 1850 – 1900. Pour y parvenir, il faudrait donc -outre des émissions humaines qui doivent tendre vers zéro à la fin du siècle selon le GIEC- que le système puisse à terme pomper du CO2.
550 ppm en 2100 = réchauffement supérieur à + 2°C avec des risques de dépassements + 3°C
De son côté, une concentration de l’ordre de 500 ppm éq.CO2 en 2100 (fourchette 480-530 ppm) pourrait nous mener à un niveau d’augmentation de +1,7°C à +1,9°C si l’on ne dépasse pas 530 ppm éq.CO2, et de +1,8 à +2°C si l’on dépasse 530 ppm éq.CO2, toujours selon les données du GIEC. Dit autrement, il vaudrait mieux que la concentration de gaz à effet de serre commence à se réduire avant qu’elle ait atteint 530 ppm éq.CO2. A ce jour, il reste donc environ 50 ppm éq.CO2 pour inverser le mouvement.
A 550 ppm éq.CO2 en 2100, on arriverait à un réchauffement global de +2 à +2,2°C si on ne dépasse pas 580 ppm éq.CO2 et +2,1 à +2,3°C si on dépasse 580 ppm éq.CO2. On notera qu’il s’agit de niveaux moyens: les extrémités des fourchettes d’augmentation dépassent le plus souvent à ce stade +3°C de réchauffement global.
Avec une concentration de gaz à à effet de serre de 580 ppm éq.CO2 à 720 ppm en 2100, on aurait un niveau de réchauffement moyen de 2,3 à 2,9°C (jusqu’à +4,5°C pour le maximum de la fourchette) tandis que la zone 720 ppm éq.CO2 – 1000 ppm éq.CO2 promet + 3,1°C à + 3,7 °C en moyenne (jusqu’à 5,8°C). Enfin, avec plus de 1000 ppm éq.CO2, ce qui est notre notre trajectoire actuelle, on pourrait s’envoler à un niveau moyen d’augmentation de +4,1 à + 4,8°C, et même jusqu’à +7,8°C de réchauffement global.
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