L’année 2020 talonne désormais 2016 pour établir le record de fièvre planétaire de notre ère industrielle. La différence ? 2016 a été marquée par un puissant El Nino, phénomène « réchauffant », tandis que La Nina, phénomène « refroidissant », marque cette fin d’année… Les prochains mois les départageront. L’agence américaine NOAA estime que 2020 possède deux chances sur trois de l’emporter.
Les données du Goddard Institute for Space Studies (GISS) de la NASA et celles de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) convergent: septembre 2020 a été le mois de septembre le plus chaud depuis la fin du XIXe siècle: + 0,97°C par rapport à la moyenne du XXe siècle selon NOAA, + 1°C par rapport à la moyenne 1951-1980 selon le GISS, soit + 1,25°C par rapport aux années 1880 – 1920.
Pour NOAA, les sept mois de septembre les plus chauds sont ceux des sept dernières années. Septembre 2020 atteint le record de + 1,49°C par rapport la moyenne du XXe siècle à la surface des continents, + 1,43°C dans l’hémisphère nord, + 1,62°C dans l’hémisphère sud. A la surface des océans, il est le 4ème mois de septembre le plus chaud avec + 0,77°C en moyenne (+1,08°C dans l’hémisphère nord), mais pas frais pour autant. De fortes anomalies sont enregistrées aux hautes latitudes, autant vers le nord de notre hémisphère que vers l’Antarctique. Environ 8,5% de la surface des continents et des océans ont battu des records de chaleur tandis qu’aucun record de froid n’a été enregistré.
2020 en tête dans l’hémisphère nord
Sur la période allant de janvier à septembre, 2020 talonne maintenant de près 2016, année jusque-là record pour la fièvre planétaire et année qui a pourtant été « boostée » par le phénomène El Nino extrême qui régnait alors dans le Pacifique équatorial. Pour le GISS, l’anomalie sur les neuf premiers mois de 2020 est de +1,05°C par rapport à la moyenne 1951 – 1980, tout près du + 1,06°C de 2016. Selon NOAA, la moyenne des trois premiers trimestres affiche +1,02°C par rapport à la moyenne du XXe siècle, quatre centièmes derrière 2016. 2020 est néanmoins en tête dans l’hémisphère nord (+1,31°C), notamment à travers les océans (+1°C).
2020 année la plus chaude malgré La Nina ?
Par ailleurs, 2016 a connu des anomalies de température moyenne importantes dans les premiers mois de l’année, du fait toujours d’El Nino. Puis elles ont sensiblement régressé en fin d’année. 2020 montre une courbe plus stable. Selon ses prévisions basées sur les anomalies actuelles et l’historique des températures, NOAA estime même désormais à près de 65 % les chances de 2020 de décrocher le titre brûlant d’année la plus chaude !
Cela serait particulièrement remarquable. En effet, comme le rappelle le climatologue américain James Hansen dans sa lettre « Climate Science, Awareness and Solutions », 2020 est désormais paradoxalement « plombée » par le phénomène « refroidissant » La Nina, actuellement présent dans le Pacifique équatorial et devant durer au moins jusqu’au début 2021…
Une accélération du réchauffement bien réelle
Quoi qu’il en soit finalement, le point important à comprendre, c’est qu’il y a une accélération du taux de réchauffement de la planète depuis maintenant près d’une décennie, confirme James Hansen. « Ce surplus de chaleur est assez important pour nécessiter une explication », affirme-t-il. Mais « les facteurs tels que l’augmentation des émissions de méthane et de CO2 provenant de la fonte de la toundra ou de la fracturation (l’exploitation du pétrole de schiste) n’offrent pas cette explication, car ils sont pris en compte dans les quantités de gaz mesurées », ajoute-t-il. Pour lui, l’explication probable serait ainsi plutôt à aller chercher du côté des aérosols atmosphériques (la pollution) dont l’effet globalement refroidissant (eh oui !…) serait moindre. A suivre…
Bonjour Vincent,
« Pour lui, l’explication probable serait ainsi plutôt à aller chercher du côté des aérosols atmosphériques (la pollution) dont l’effet globalement refroidissant (eh oui !…) serait moindre. » C’est ce que je pense également puisqu’il y a eu des efforts importants de la part de certains pays depuis quelques années pour réduire la pollution atmosphérique urbaine causée par la combustion d’hydrocarbures des véhicules routiers, notamment en Chine. Cela contribuant à réduire la quantité d’aérosols atmosphériques émise dans l’atmoshère.
Bonjour Jacques,
Oui, c’est une hypothèse.
Ping : 2014 – 2020: les 7 années les plus chaudes… Et après ? | Dr Pétrole & Mr Carbone