Qu’il s’agisse du mois de juillet, des sept premiers mois de l’année ou encore des douze derniers mois, la fièvre planétaire fait une nouvelle fois tomber des records cet été. Et ce n’est certainement pas fini pour 2015: les prédictions envisagent un El Nino fort voire très fort pour novembre – décembre, tout juste à l’occasion de la COP 21…
Après mai et juin, juillet 2015 est le 3ème mois consécutif qui bat cette année son record de température moyenne à la surface du globe. Selon le National Centers for Environmental Information de l’agence américaine NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), la température à la surface des terres et des océans a dépassé la moyenne du XXème siècle de 0,81°C (0,08°C de plus que le précédent record établi en 1998 et égalé en 1990). Même constat pour le Goddard Institute for Space Studies de la NASA pour lequel le mois de juillet 2015 dépasse de 0,75°C la température moyenne de la période 1951 – 1980.
Depuis 2009 inclus, il n’y a plus eu en juillet d’anomalie de température inférieure à + 0,6°C.
Pour NOAA, juillet 2015 est même avec 16,61°C le mois le plus chaud, toutes catégories confondues, depuis au moins 1627 mois, c’est-à-dire depuis que l’on a commencé ce type de relevés, en 1880. Dans l’hémisphère nord, la température moyenne a dépassé de 0,89°C la moyenne du XXème siècle (+0,96°C à la surface des terres, +0,75°C à la surface des océans). Dans l’hémisphère sud, l’anomalie est de +0,73°C (+1,07°C sur les terres, +0,67°C sur les océans).
Les scientifiques remarquent également que les mois de juillet n’ont plus eu d’anomalie négative de température par rapport à la moyenne du XXème siècle depuis… 1976 (même si la sécheresse sévissait alors en France), soit presque 40 ans. Par ailleurs, avant l’an 2000, seuls les mois de juillet 1997 et juillet 1998 avaient connu une anomalie de température supérieure à + 0,5°C par rapport à la moyenne. Depuis l’an 2000, c’est plutôt l’inverse: seule l’année 2004 a eu en juillet une anomalie de température inférieure à + 0,5°C. Pire: depuis 2009 inclus, il n’y a plus eu d’anomalie de température inférieure à + 0,6°C. 2015 est la première année à connaître en juillet une anomalie supérieure à +0,8°C.
Période janvier – juillet: seule l’année 1998 avait affiché une anomalie de plus de 0,5 °C avant l’an 2000. En revanche, plus aucune année n’a connu une anomalie inférieure à +0,5°C depuis cette date…
Suivant l’évolution des sept premiers mois de 2015, NOAA note qu’il s’agit de très loin de la période janvier – juillet la plus chaude jamais enregistrée et qui bat le précédent record de près de 0,1°C, avec +0,85°C par rapport à la moyenne du siècle dernier contre + 0,76°C en 2010 et + 0,71°C en 2014. L’année 1998, année pourtant qualifiée d' »historique » concernant la question du réchauffement global, est pour sa part blackboulée en dehors de ce brûlant podium.
Toujours pour cette période janvier – juillet, seule l’année 1998 avait avant l’an 2000 affiché une anomalie supérieure + 0,5 °C. Depuis l’an 2000 en revanche, plus aucune année n’a connu une anomalie inférieure à +0,5°C. Et depuis 2009, seule l’année 2011 s’est retrouvée sous la barre des + 0,6 °C.
Concernant maintenant la période d’un an “août 2014 – juillet 2015”, les chiffres de NOAA montrent qu’elle pulvérise elle aussi le précédent record de sa catégorie avec +0,82°C par rapport à la moyenne contre + 0,72°C en 2010 et + 0,71°C en 2014. Avant l’an 2000, seule la période août 1997- juillet 1998 avait dépassé les + 0,5°C. Après l’an 2000, seule la période août 2000 – juillet 2001 n’y pas parvenue ! Et depuis 2009, seule la période août 2011- juillet 2012 n’a pas atteint ou dépassé la barre de +0,6°C.
El Nino fort à très fort… Avis de grand chaud pour la conférence Paris Climat 2015
Les scientifiques de NOAA relèvent également qu’actuellement, les records de températures moyennes sont particulièrement battus à la surface des océans où les dix écarts les plus importants par rapport à la moyenne ont tous été mesurés depuis seulement 16 mois, c’est-à-dire depuis avril 2014. Ce qui fait inévitablement penser à El Nino qui, après avoir joué à cache – cache l’an passé, s’est enfin montré cette année et s’annonce bien virulent pour cet hiver. De nombreux modèles prévoient en effet un phénomène fort à très fort d’ici fin 2015, un peu comme en 1998.
Pour juillet, NOAA souligne que les températures de surface de l’Océan Pacifique étaient supérieures d’environ 1°C par rapport à la moyenne 1981 – 2010 au centre de sa partie équatoriale, cet écart dépassant les 2°C dans sa partie est. Un phénomène El Nino est classé “faible” quand la surchauffe des eaux de surface est comprise entre 0,5 et 1°C par rapport à la norme dans la région Nino dite 3-4, c’est-à-dire au centre du Pacifique équatorial. Il est en revanche considéré fort quand la température de surface y dépasse de plus de 1,5°C la norme, et comme très fort quand on se trouve au dessus de 2°C. Il est enfin modéré quand la température évolue entre 1 et 1,5°C.
Selon les prédictions, El Nino 2015 pourrait atteindre ou dépasser les 2°C d’ici la fin de l’année, avec de grandes chances de se poursuivre jusqu’au printemps 2016. Son maximum sera vraisemblablement atteint en novembre – décembre, ce qui –ironie du sort- va coïncider avec la COP 21, conférence des Nations-Unies sur le climat ayant pour objet de trouver, début décembre à Paris, un accord universel capable de stopper 0 +2°C le réchauffement global issu principalement de l’utilisation de pétrole, de charbon et de gaz par les hommes… Or, El Nino est pour sa part plutôt du genre à amplifier le réchauffement et ses désastres !
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