Avec un phénomène El Nino balbutiant en 2014 puis un El Nino extrême en 2015-2016, tous les records de température mensuelle à la surface de la Terre ont été battus au moins une fois depuis deux ans. Lors des quatre premiers mois de 1998 -année alors qualifiée de “la plus chaude du siècle” à cause d’un El Nino de même ampleur- la température terrestre moyenne avait été 0,43°C moins chaude qu’en ce début 2016, d’après l’agence américaine NOAA. Et au prochain El Nino extrême ?
Avril 2016 n’a pas dépareillé par rapport aux mois précédents: aidé par le phénomène boosteur de la température terrestre, El Nino, il a été le mois d’avril le plus chaud depuis que les scientifiques procèdent à ce type de calculs, c’est-à-dire depuis 1880. Et son écart à la moyenne du XXème siècle a été l’un des plus forts enregistrés: + 1,10°C, selon l’agence américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). Les mois de janvier, février et mars avaient pour leur part respectivement atteint +1,03°C, +1,19°C et +1,23°C.
Les douze derniers mois (mai 2015 – avril 2016) ont été en moyenne plus chaud de 1,00°C que la moyenne du XXème siècle
Pour NOAA, avril est le 12ème mois consécutif à battre son record et le 5ème à se retrouver au dessus de +1°C par rapport à la moyenne du XXème siècle. Avec + 1,14°C par rapport à la moyenne du XXème siècle, les quatre premiers mois de 2016 se placent même à +0,3°C au-dessus des quatre premiers mois de 2015 qui avaient pourtant déjà battu le précédent record de 2010: +0,84°C contre +0,77°C.
Par comparaison, en 1998, année à l’époque qualifiée de “la plus chaude du siècle” -à cause du dernier phénomène El Nino de même ampleur qu’en 2015-2016- cet écart avait été de +0,71°C. En moins de vingt ans, on a donc grimpé de +0,43°C.
Depuis début 2014, alors qu’un El Nino balbutiait déjà, pas moins de 20 records mensuels de température ont été établis à la surface de la planète (continents et océans) jusqu’à avril 2016, sur les tablettes de NOAA: avril 2014, mai 2014, juin 2014, août 2014, septembre 2014, octobre 2014, décembre 2014, mars 2015, mai 2015, juin 2015, juillet 2015, août 2015, septembre 2015, octobre 2015, novembre 2015, décembre 2015, janvier 2016, février 2016, mars 2016, avril 2016…
Toujours selon NOAA, Les douze derniers mois (mai 2015 – avril 2016) ont été en moyenne plus chaud de 1,00°C que la moyenne du XXème siècle. Précision: l’objectif universel de + 1,5°C – +2°C en tant que limite relative à ne pas dépasser pour rester dans un monde vivable est à considérer à partir de l’époque préindustrielle, c’est-à-dire avant le XXème siècle. Si l’on prend maintenant les statistiques du Goddard Institute For Space Studies (GISS) de la NASA, qui confirment la tendance, alors on arrive selon le scientifique américain James Hansen, à + 1,25°C par rapport à la période 1880-1920.
2015 et 2016 redonnent au réchauffement global un profil exponentiel
Selon les études, on peut encore ajouter un ou deux dixièmes de degré si l’on veut faire une comparaison par rapport au XVIIIème siècle. Mais on se trouve alors dans ce que l’on appelle pour l’hémisphère nord le “petit âge glaciaire”, ou “minimum de Maunder” (1560-1830). Le millénaire précédent est en effet très légèrement plus chaud en moyenne, avec des maximums qui ont pu approcher ou atteindre ce que l’humanité a connu pendant une grosse première partie du XXème siècle… Le violent décrochage actuel avec les périodes les “plus chaudes” connues depuis environ 2000 ans ayant en fait eu lieu à partir des années 1980.
Qu’attendre donc après épisode El Nino 2015-2016, actuellement en phase d’affaiblissement ? “Nous estimons que la température globale va décliner sensiblement avec l’arrivée de La Nina (phénomène inverse d’El Nino) dans l’Océan Pacifique tropical, mais la tendance de long terme montre que l’on peut maintenant estimer le réchauffement global depuis 1880-1920 à environ +1°C” indique James Hansen dans sa newsletter Climate Science, Awareness and Solutions.
Après le phénomène El Nino 1997-1998, la température moyenne annuelle de la Terre était retombée d’environ 0,2°C en 1999 et 2000 avant de repartir à la hausse et de rattraper 1998 dès 2005. Cependant, au centième de degré près, 1998 est restée sur le podium NOAA des années les plus chaudes jusqu’en 2013, marquant ainsi pour certains une sorte de pallier dans le processus de réchauffement global. 2015 et 2016 redonnent au contraire au réchauffement un profil exponentiel.
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