Le mois de mars 2025 prolonge un peu plus le bond du réchauffement constaté depuis l’été 2023. À ce stade, l’agence américaine NOAA estime que 2025 possède quasiment une chance sur deux de faire partie des deux années les plus chaudes. Pour le climatologue américain James Hansen, elle pourrait même battre 2024.

Anomalies de températures du mois de mars 2025, par rapport à la moyenne 1991-2020. © C3S/ECMWF
Les conditions « rafraîchissantes » du phénomène La Nina dans le Pacifique équatorial touchent à leur fin, et les scientifiques restent « impressionnés »: ces conditions n’ont pas permis de réduire l’anomalie de la température terrestre enregistrée durant l’épisode « réchauffant » El Nino en 2023-24, contrairement à ce qui est habituellement attendu. Les trois premiers mois de 2025 prolongent au contraire le bond sans précédent du réchauffement (+0,4°C), constaté depuis l’été 2023: +1,60°C par rapport à l’époque pré-industrielle en mars, après +1,59°C en février et +1,75°C en janvier, selon l’observatoire européen Copernicus.
À la surface des continents, l’anomalie de mars atteint en Europe +2,41°C par rapport à la moyenne 1991-2020, ce qui en fait ici le mois de mars le plus chaud enregistré. À la surface des océans, la température moyenne approche, avec 20,96°C, le record de mars 2024 entre les latitudes 60° sud et 60° nord.
« La température mondiale restera proche de +1,5 °C en 2025 »
Dès ce printemps, l’agence américaine NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), celle-là même que l’administration Trump veut réduire au silence, estime que 2025 possède 99,9% de chances de figurer dans le top 5 des années les plus chaudes, et quasiment 50% de faire partie des deux premières. L’ancien climatologue de la NASA, James Hansen, est lui plus catégorique: « La température mondiale restera proche cette année de +1,5 °C, ou sera au dessus. Elle pourrait même établir un nouveau record », craint-il. Actuellement, 2024 (+1,6°C selon Copernicus) devance 2023 (+1,48°C).
James Hansen pense en effet que la sensibilité climatique au CO2 du système terrestre est plus importante que prévu par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), avec donc des effets rétroactifs plus forts… Et que la récente réduction de la pollution du transport maritime induit une baisse de la concentration atmosphérique en aérosols sulfatés, ceux-ci « camouflant » jusqu’alors une partie du réchauffement avec leur effet plutôt refroidissant, par exemple en favorisant la création de nuages bas. À ce stade, NOAA évalue néanmoins à seulement 6% la probabilité que 2025 batte le record de 2024.
Ce qui montre l’accélération du réchauffement
L’accélération actuelle du réchauffement devient en tout cas évidente quand on fait la moyenne sur cinq ans des anomalies mensuelles de température (sur 60 mois donc), et qu’on regarde son évolution. Le principe est simple: chaque mois, le mois le plus ancien est remplacé par le nouveau. Ainsi, 2025 va progressivement remplacer 2020, puis 2026 remplacera 2021, etc. Une telle moyenne permet de lisser les variations mensuelles et d’obtenir une tendance de réchauffement. Son évolution annuelle depuis les années 1980 montre en plus qu’elle redescend peu à la suite d’une période de hausse.

Évolution annuelle de l’anomalie de la température moyenne terrestre des 60 derniers mois, par rapport à la température moyenne du XXème siècle. La barre la plus à droite représente les soixante derniers mois jusqu’à mars 2025, celle d’à côté les soixante derniers mois jusqu’à mars 2024, etc. Les deux dernières années illustrent l’accélération en cours. © NOAA
En mars 2025, l‘anomalie de température moyenne des soixante derniers mois a atteint +1,06°C par rapport à la moyenne du XXème siècle selon les données de NOAA (soit plus de +1,3°C par rapport au niveau préindustriel). En mars 2024, elle était de +1,01°C et elle a oscillé autour de +0,95°C entre 2020 et 2023, période marquée par des phénomènes La Nina. Un dixième de degré s’est ajouté entre début 2023 et début 2025.
Il est bien envisageable que cela continue encore. Pour que cette moyenne n’augmente pas cette année, il faudrait que 2025 ne soit pas plus chaude que 2020, ce qui équivaut à une anomalie d’au maximum +1,02°C par rapport à la moyenne du XXème siècle. Soit environ trois dixièmes de degré de moins que les trois premiers mois de l’année ! Et pour qu’elle ne progresse pas ensuite, 2026 et 2027 devront tomber sous +0,9°C, niveau de 2021 et 2022.