Février 2025 à +1,59°C… Banquise peau de chagrin

Tandis que l’anomalie mensuelle de la température terrestre de février reste parmi les plus élevées, avec un océan toujours « inhabituellement » chaud, la surface cumulée des banquises Arctique et Antarctique s’avère d’une faiblesse record.

Glace dans une lagune

La glace de mer s’étend et se rétracte au fil des saisons. Mais sa couverture moyenne se réduit avec le temps. © Freepik @jannoon028

Malgré les actuelles conditions « refroidissantes » du phénomène La Nina, le mois de février 2025 a encore un peu plus prolongé l’étonnant bon de la température moyenne planétaire observé depuis l’été 2023. L’observatoire européen Copernicus estime l’anomalie à +1,59°C depuis la période pré-industrielle, ce qui en fait le troisième mois de février le plus chaud, derrière février 2024 et février 2016, tous deux boostés par le phénomène « réchauffant » El Nino. Depuis moins de deux ans, c’est le dix-neuvième mois qui dépasse la barre de +1,5°C, selon les données de cet organisme. L’hiver boréal s’affiche lui-même comme le deuxième plus chaud enregistré, talonnant l’hiver 2023 – 2024.

Hors zones polaires, l’océan à 20,88°C

L’océan global demeure au centre des préoccupations. Copernicus souligne que les températures de surface de beaucoup de bassins y sont encore restées « inhabituellement élevées ». Si l’étendue des régions concernées s’est réduite depuis janvier, notamment dans l’océan Austral et dans l’Atlantique Sud, certaines zones, comme le golfe du Mexique et la mer Méditerranée, « ont connu des aires records plus vastes ». La température moyenne de l’océan entre les latitudes 60° sud et 60° nord, s’élève à 20,88°C, deuxième plus haut niveau pour un mois de février, derrière 2024.

Anomalies de température en février 2025

Anomalies de température de février 2025 par rapport à la moyenne 1991-2020. La Nina est visible avec les zones en bleu sur le Pacifique équatorial. ©C3S/ECMWF

Ce mois de février est également caractérisé par des situations régionales contrastées sur les continents, ajoute Copernicus: températures bien au-dessus de la moyenne 1991-2020 en Arctique, en Scandinavie et Islande, en Inde, en Afrique centrale, au Mexique, au nord du Chili et de l’Argentine, dans le sud-est des États-Unis, dans l’Ouest australien; grand froid en revanche dans une partie ouest des États-Unis et au Canada, froid également dans l’est de l’Europe, au Moyen-Orient, en Chine et Mongolie, au Japon. Si bien que la Nina est apparue bien pâle dans le Pacifique équatorial, notamment en comparaison des conditions polaires du nord de l’Amérique.

Les prochains mois montreront si ce phénomène parvient finalement à réduire l’anomalie mondiale en dessous de la barre de +1,5°C… Sachant que la Nina devrait laisser place, d’ici la fin du printemps, à une situation « neutre », donc normalement moins favorable.

Plus il fait chaud plus la banquise se réduit… Et moins il y a de glace plus le réchauffement se renforce

En attendant, « conséquence d’un monde plus chaud », comme le souligne Samantha Burgess au Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (ECMWF, European Centre for Medium-Range Weather Forecasts), l’étendue mondiale de la banquise est descendue « à un minimum historique » pour un mois de février… Soit moins de 16 millions de kilomètres carrés: environ 13,5 millions de km2 pour l’Arctique, atteignant sa couverture saisonnière maximale en mars; jusqu’à un plancher de 2 millions pour l’Antarctique, son minimum de l’année.

Surface de la banquise mondiale

Les surfaces cumulées des banquises Arctique et Antarctique atteignent chaque année un minimum annuel vers février. 2025 marque son niveau le plus faible. © C3S/ECMWF/EUMETSAT

Dans les deux cas, la surface de glace de mer est bien inférieure aux médianes 1981-2010 correspondantes, selon le National Snow and Ice Data Center (NSIDC): plus de 15 millions de km2 pour l’Arctique, 2,8 millions de km2 pour l’Antarctique. Et avec un mécanisme de rétroaction: plus il fait chaud plus la banquise fond, et moins il y a de glace de mer plus la planète absorbe en retour l’énergie du soleil. Ce qui renforce un peu plus le réchauffement. Et ainsi de suite…

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