En 2013 en France, les importations de pétrole ont coûté 51,5 milliards d’euros et l’utilisation du charbon s’est accru. La production des énergies renouvelables a progressé de 7 % en tonnes équivalent pétrole, avec une utilisation renforcée du bois, tandis que la production électrique renouvelable a bondi de 21,7 % essentiellement grâce à l’hydraulique. Au total, la part des énergies renouvelables représente dans le pays 17 à 18 % de la production d’électricité et de la production d’énergie primaire, 14,2% de la consommation finale d’énergie (celle des utilisateurs finaux) et 9,5 % de la consommation totale d’énergie. C’est ce qui ressort du Bilan énergétique du Commissariat général au développement durable.
La facture énergétique de la France s’élève pour 2013 à 65,8 milliards de d’euros dont 51,5 milliards pour le seul pétrole, selon le Bilan énergétique pour 2013 du Commissariat général au développement durable, paru pendant l’été. C’est certes 3 milliards de moins (- 4,6%) par rapport à 2012 qui avait marqué un record historique (69 milliard de facture énergétique), mais 4 milliards de plus que le total du déficit commercial du pays (61,7 milliards).
Durant le même temps, les prix à la consommation de l’énergie augmentent de 0,8% mais avec une hausse moyenne sur 10 ans de 4,8%/an, “soit 3,2% de plus que l’inflation (1,6%)”. En moyenne, la facture d’énergie dépasse 3200 euros/an par ménage en 2013 (environ 40 euros de plus qu’en 2012) et les ménages consacrent globalement 92 milliards à l’achat d’énergie, soit 9,7% de leurs dépenses totales.
Les importations de charbon en progression de plus de 4 %
Le Commissariat général au développement durable relève également que, depuis 2011, la facture énergétique de l’Hexagone dépasse 3% du produit intérieur brut (PIB) alors qu’elle oscillait entre 1,5 et 2,5 % du PIB dans la première décennie du siècle (sauf pour 2008, 3%) et qu’elle était d’environ 1% du PIB dans les années 1990. La facture énergétique représente par ailleurs plus de 16% du total des importations du pays. Hormis 2012, il faut selon le Commissariat “remonter à la période du second choc pétrolier (1985) pour trouver une facture énergétique plus lourde, que ce soit en euros constants ou relativement au commerce extérieur”.
Si la facture pétrolière est en baisse de 3,4 milliards (-6,2%), la note du gaz (14,2 milliards d’euros) progresse elle de 5,1 %. Quant au charbon, il coûte à peine 2 milliards d’euros, soit une dégringolade de -22%. Cette baisse est due à la chute des prix: le coût moyen des “combustibles minéraux solides” est passé, assurance et fret compris, de 134 euros la tonne en 2012 à 101 euros l’an passé.
En revanche, et ce n’est pas une bonne nouvelle en termes d’émissions de gaz à effet de serre, les importations de charbon “pas cher”, pour les centrales thermiques et également la sidérurgie, ont progressé de plus de 4% sur un an pour un total de près de 18 millions de tonnes, alors que dans le même temps le stock national a maigri. Les Etats-Unis -où l’exploitation des gaz de schiste dope les exportations d’un charbon dont on a moins l’utilité- sont le principal fournisseur de la France avec 25,8% des importations. Ils devancent la Russie (17,2%), l’Australie (16,9 %), la Colombie (15,6 %), l’Afrique du Sud (13,3 %) et nos partenaires de l’Union européenne (8,2 %).
Fournisseurs de pétrole de la France: 1 Arabie Saoudite, 2 Kazakhstan, 3 Russie
Les importations de pétrole brut se sont pour leur part contractées de 1,5 % en 2013, à 56 millions de tonnes. Avec 6,8 millions de tonnes (12,1% des importations, 1,5 million de tonnes de moins qu’en 2012), la Russie n’est plus le fournisseur numéro 1 de la France et repasse le flambeau à l’Arabie Saoudite dont les exportations ont bondi de 2,4 millions de tonnes (10,2 millions de tonnes au total, 18,1% des importations de pétrole). La Russie est également devancée par le Kazakhstan (7,2 millions de tonnes importées pour une part de 12,1 %).
Autres fournisseurs de la France: la Norvège (5 millions de tonnes, 9 %), le Nigeria (4,9 millions de tonnes, 8,7 %), la Libye (4,8 millions de tonnes, 8,5 %), l’Algérie (3,4 millions de tonnes, 6,1%), l’Azerbaïdjan (2,8 millions de tonnes, 5,1%), le Royaume-Uni (1,9 million de tonnes, 3,4 %), l’Angola (1,6 million de tonnes, 2,8 %), la Guinée équatoriale (1,6 million de tonnes, 2,8 %), l’Irak (1,2 million de tonnes, 2,2%), le Congo (0,6 million de tonnes, 1,1%), le Brésil (0,4 million de tonnes, 0,8 %), le Ghana (0,2 million de tonnes, 0,4 %).
“Le raffinage en France ne semble plus en mesure de concurrencer les installations géantes du Moyen-Orient et d’Asie”
Depuis les années 2000, outre la question russe (dont les importations françaises fondent depuis 2010), on note une montée en puissance de pays de l’ex-URSS (Azerbaïdjan et surtout Kazakhstan) ainsi qu’une chute des importations en provenance d’Irak et également d’Arabie Saoudite (jusqu’à 6 millions de tonnes en 2010). Baisse également des importations en provenance de la Norvège et du Royaume-Uni (déplétion pétrolière en Mer du Nord). Les importations de Libye ont elles culminé en 2010 avec 10,2 millions de tonnes pour s’effondrer l’année suivante, marquée par la mort de Mouammar Kadhafi. Enfin, l’approvisionnement en pétrole algérien se distingue par une certaine irrégularité.
En 1973, l’Arabie Saoudite fournissait à la France 30,2 millions de tonnes de pétrole, l’Irak 18,7, le Nigeria 12,6, l’Algérie 11,1, la Libye 6,5… Au total, les importations françaises de pétrole brut sont passées en 40 ans de 134 millions de tonnes (1973) à 56 millions de tonnes (2013).
Quant aux importations de produits raffinés, elles atteignent 42,4 millions de tonnes (-1,4 % par rapport à 2012). Il s’agit de gazole pour plus de la moitié. Les exportations reculent quant à elles de 4,5 % à 19 millions de tonnes. Bilan: le déficit se dégrade à 23,4 millions de tonnes. “Le raffinage en France, et plus généralement le raffinage européen, ne semble plus en mesure de concurrencer les installations géantes du Moyen-Orient et d’Asie”, commente le Commissariat général au développement durable.
Pétrole, charbon, gaz: 153,4 millions de tonnes équivalent pétrole importées en 2013
Du côté du gaz, les entrées brutes atteignent 549,5 TWh en 2013 (+0,4 %). Les sorties du territoire chutant de 15,9 %, le solde entrées-sorties progresse de 2,7 %. Le fournisseur le plus important de la France est la Norvège avec 198,7 TWh (36,2 %), devant la Russie 98,3 TWh (17,9 %), les Pays-Bas 76,3 TWh (13,9 %), l’Algérie 59,4 TWh (10,8 %) ou encore le Qatar 17,6 TWh (3,2 %). Par rapport à 2012, les importations en provenance de Norvège et des Pays-Bas ont baissé pendant que les importations de gaz russe et algérien ont respectivement grimpé de 33% et de 24%.
Pétrole, charbon et gaz compris, les importations d’énergie fossile totalisent en 2013 153,4 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), soit – 0,5% par rapport à 2012: 56 Mtep de pétrole brut, 42,5 Mtep de produits pétroliers raffinés, 42,3 Mtep de gaz et 11,2 Mtep de charbon.
Le bois-énergie représente 43 % des énergies renouvelables, l’hydraulique 25 %, les biocarburants 10 %, les pompes à chaleur 7%, l’éolien 6%…
Face à ces importations, la France a produit la même année 2,2 Mtep d’énergie primaire d’origine fossile, 110,4 Mtep d’origine nucléaire, et 24,8 Mtep d’origine renouvelable, pour une production primaire d’énergie de l’ordre de 139 Mtep. Les énergies renouvelables progressent de 7 % (22,4 Mtep en 2012) et représentent environ 17,8% de la production primaire. Le bois-énergie arrive en tête avec 43 % de ces 24,8 Mtep. Il est en hausse de 9 % à 10,6 Mtep et devance l’hydraulique (25%), les biocarburants (10 %), les pompes à chaleur 7 %, l’éolien 6 %, les déchets renouvelables 5 %, le biogaz 2 %, le solaire photovoltaïque 2 %, les résidus de l’agriculture et des industries agroalimentaires 1 %, la géothermie 0,8%, le solaire thermique 0,4 %, et les énergies marines 0,1 %.
Selon le Commissariat général au développement durable, la production d’électricité d’origine renouvelable progresse de son côté de 21,7 % en 2013, à 98,6 TWh, “grâce essentiellement au dynamisme de la production hydraulique renouvelable (+ 15,5 TWh, soit + 27,6 % en 2013). S’y ajoutent les hausses des productions éoliennes (+ 1 TWh) et photovoltaïque (+ 0,6 TWh), et dans une moindre mesure celle du thermique classique à combustible renouvelable (+ 0,4 TWh)”. La part de l’électricité d’origine renouvelable dans la production électrique totale brute française gagne ainsi 2,7 points pour s’établir à 17,1 % en données réelles.
Les énergies renouvelables représentent 9,5 % de la consommation totale d’énergie du pays
En termes de consommation primaire d’énergie (c’est-à-dire le total des consommations d’énergie de l’économie), la France a brûlé 259,6 Mtep en 2013 dont 49% d’énergies fossiles (pétrole 30%, gaz 14,5%, charbon 4,5%), 41 % d’électricité primaire non renouvelable (nucléaire), 9,5% d’énergies renouvelables (EnR) et 0,5% de déchets urbains non renouvelables. En ce qui concerne les énergies renouvelables, le bois-énergie arrive en tête avec 3,9%, devant l’hydraulique renouvelable 2,4%, les biocarburants 1%, les déchets urbains renouvelables 0,5%, l’éolien 0,5%, les autres EnR totalisant 1,2%.
Enfin, en termes de consommation finale d’énergie (la consommation des utilisateurs finaux, c’est-à-dire la consommation d’énergie primaire ou totale amputée de l’énergie ayant servi aux transformations permettant d’arriver au produit final), la France à utilisé l’équivalent de 165,4 Mtep en 2013 (1), -1% par rapport à 2012. La part du renouvelable est de l’ordre de 14,2%. C’est ce pourcentage qui est utilisé dans les objectifs que s’est fixé le pays à horizon 2020 et 2030 concernant la part des énergies renouvelables, à savoir respectivement 23% et 32% de la consommation finale, le Commissariat général au développement durable soulignant à ce propos que le développement des énergies renouvelables est “en retard par rapport à la trajectoire prévue”.
(1) Evaluation “corrigée des variations climatiques et tous usages confondus”.
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Excellent. On comprend enfin les chiffres sur les enr : 21% pour production, 14% pour consommation finale, 9,5 % pour consommation primaire. Les importations de petrole en volume et valeur/pib : quelle evolution depuis 1970 ?
Ping : Smart grids : un macro-réseau pas durable » Watch-out
je souhaiterai connaître le montant des importations pétrolières importées uniquement par le gouvernement français et non par les compagnies pétrolières. Mreci
Bonjour,
Actuellement, la France produit quelques 875 000 tonnes de pétrole par an, soit environ 1% de sa consommation. La France est dépendante à 99 % des importations pour sa consommation de pétrole, près de 2 millions de barils entrent en France chaque jour. 98 % du gaz consommé en France est importé. Source: http://www.developpement-durable.gouv.fr/-Les-ressources-en-petrole-de-la-.html