Barack Obama a annoncé une réduction de 30 % des émissions des centrales électriques américaines d’ici 2030. C’est une première depuis les péripéties du Protocole de Kyoto. Force serait également de reconnaître que, pour bien faire, les Etats-Unis doivent s’appliquer un facteur 13 (diviser par 13 les émissions de CO2) à l’horizon 2050.
Si une réduction des émissions de CO2 des centrales électriques américaines de 30 % d’ici 2030 par rapport à 2005, s’avère insuffisante face à l’enjeu réel du réchauffement climatique, l’annonce du président Barack Obama est néanmoins jugée comme un signal positif: elle montre que les Etats-Unis se positionnent en faveur de la lutte contre les changements climatiques. Jusqu’à présent, c’est plus la non ratification du Protocole de Kyoto par la 1ère puissance du monde que les négociateurs “climat” avaient encore en tête et que beaucoup de pays prenaient en exemple.
Impuissant au niveau législatif sur cette question climatique, à cause de l’opposition radicale de Républicains soumis aux lobbies de l’énergie fossile, Barack Obama utilise donc la voie réglementaire pour agir, par le truchement de la loi sur la qualité de l’air (Clean Air Act). C’est ainsi l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) qui sera être à la manoeuvre.
L’EPA a évoqué différentes objectifs à mettre en oeuvre d’ici 2030: diminuer de 30% les émissions de carbone du secteur de l’énergie, diminuer de plus de 25% les émissions de particules, d’oxydes d’azote et de dioxyde de souffre. Pour l’EPA, on évitera ainsi jusqu’à 6 600 morts prématurées, 150 000 crises d’asthmes chez les enfants et 490 000 jours d’écoles ratés, cela représentant selon l’Agence 93 milliards de bénéfices pour la santé publique et le climat. L’EPA estime également que la facture d’électricité peut baisser d’environ 8 % grâce à l’efficacité énergétique et la réduction de la demande.
Pour la mise en oeuvre, l’Agence de protection de l’environnement doit mettre en place un plan avec les états fédéraux. Ces derniers pourront déterminer, suivant leurs situations et particularités, les moyens les plus appropriés pour atteindre les buts fixés: énergies non carbonées, lutte contre le gaspillage…
En 2005, chaque américain a émis plus de 20 tonnes de CO2
En 2009, les Etats-Unis s’étaient déjà engagés à réduire d’ici 2020 leurs émissions de gaz à effet de serre de 17 % par rapport à leur niveau de 2005. Rappelons ici que les négociations internationales sur le climat prennent souvent en référence l’année 1990, et pas l’année 2005, pour tracer des objectifs. Or, entre 1990 et 2005, les émissions des Etats-Unis issues de la consommation d’énergie fossile sont passées de 5 milliards de tonnes de CO2 à 6 milliards, soit environ 20 % d’augmentation, selon les informations de la base de données TSP-Data Portal du think tank dédié à la transition carbone, The Shift Project.
Les 6 milliards de tonnes de 2005 se partagent ainsi: 2,2 milliards de tonnes pour le charbon, 2,6 milliards de tonnes pour le pétrole et 1,2 milliard de tonnes pour le gaz. La population des Etats-Unis étant de l’ordre de 296 millions en 2005, chaque Américain a émis cette année-là plus de 20 tonnes de CO2 par le biais de la consommation d’énergie.
Or, les scientifiques estiment qu’il faut viser à l’horizon 2050 des émissions de l’ordre de 1,5 tonne de CO2 par Terrien pour revenir à un niveau normalement “digérable” par la planète. Pour bien faire, les Américains devraient donc d’ici 35 ans diviser par plus de 13 leurs émissions de CO2 de 2005 (Ce qui est bien sûr à comparer avec l’ambition française de “facteur 4” par rapport aux années 1990). Un facteur 13 équivaut à une réduction de plus de 92 % des émissions du secteur de l’énergie…
Avec une première baisse de 30% pour les centrales électriques d’ici 2030, il reste donc de gros efforts pour la suite !