2020 reste au coude-à-coude avec 2016 pour le record de l’année la plus chaude: selon la NASA, elle arriverait 1ère, selon l’agence NOAA, elle terminerait 2ème. En tout cas, ces deux années se classent en tête d’une inquiétante série: les sept années les plus chaudes enregistrées sont les sept dernières années. Et 2021, tout juste commencée, aurait déjà plus de 95% de chances de finir dans le Top 8… Comme un parfum d’emballement.
Avec un mois de décembre qui n’a représenté pour la planète « que » le 8ème mois de décembre le plus chaud en moyenne depuis la fin du 19e siècle, 2020 est la 2ème année la plus chaude de l’ère industrielle (+0,98°C par rapport à la moyenne du 20e siècle), derrière 2016 (+1°C), selon l’agence américaine National Oceanic and Atmospheric Administration. Le Goddard Institute For Space Studies (GISS) de la NASA, estime pour sa part que 2020 a été plus chaude que 2016 mais avec une différence qui n’est pas significative, plaçant ces deux années à une anomalie annuelle de +1,02°C par rapport à la moyenne 1951-1980, soit + 1,3°C par rapport à la période 1880 – 1920.
2016 « boostée » par El Nino, 2020 « freinée » par La Nina
Selon NOAA, 2020 a néanmoins bien été l’année la plus chaude à la surface des continents (+1,59°C par rapport à la moyenne du 20e siècle) tandis que 2016 a été la plus chaude à la surface des océans (+0,79°C). 2020 a également été l’année la plus chaude de l’hémisphère nord avec des anomalies de +1,74°C sur les terres et de quasiment +1°C sur les mers ! En revanche, dans l’hémisphère sud, elle n’a été globalement que la 5ème année la plus chaude.
Pour les scientifiques, ce coude-à-coude 2016 – 2020 est d’autant plus significatif que la température moyenne de 2016 a été « boostée » par un puissant phénomène « réchauffant » El Nino dans l’océan pacifique équatorial, tandis que celle de 2020 a au contraire été freinée par un phénomène « rafraichissant » La Nina ! Et cela illustre bien la nette tendance actuelle à l’accélération du réchauffement planétaire.
La barre de + 1,5°C en point de mire
En effet, 2020 et 2016 arrivent en tête d’une longue série d’années plus chaudes que la moyenne du 20e siècle (44 années consécutives, depuis 1977…) et dont les 6 dernières sont les 6 les plus chaudes et les 7 dernières les 7 les plus chaudes…Selon le classement NOAA, on trouve ainsi dans l’ordre de ce top 7: 2016, 2020, 2019, 2015, 2017, 2018, 2014. Célèbre pour avoir été qualifiée d’année la plus « chaude » au 20e siècle, 1998 est quant à elle désormais reléguée en dehors du top 10 !
Encore plus inquiétant: depuis 2015, plus aucune année n’est repassée en dessous de +0,8°C de réchauffement par rapport à la moyenne du 20e siècle, et une seule s’est retrouvée en dessous de +0,9°C… Or, de tels niveaux n’avaient jamais été atteint avant 2015 ! Précision: +0,8 à +1°C de réchauffement par rapport 20e siècle, cela équivaut à un réchauffement bien supérieur à +1°C par rapport au début de notre ère industrielle… Et avec en point de mire la barre de + 1,5°C , celle-là même que les dirigeants du monde ont proclamé ne pas vouloir atteindre à la COP21 de Paris en 2015.
Ainsi, selon NOAA, la moyenne de l’anomalie annuelle de réchauffement planétaire dans la décennie 2011-2020 a dépassé +0,8°C par rapport la moyenne du 20e siècle alors qu’elle était d’un peu plus de +0,6°C dans la décennie 2001-2010, et de +0,4°C dans la décennie 1991-2000. Soit un doublement en 20 ans.
Un réchauffement « camouflé » par la pollution
Selon ses calculs de probabilités, NOAA prévoit par ailleurs déjà que 2021 possède 99,6% de chances de finir dans le top 10 des années les plus chaudes, et 95% dans le top 8. Et une étude signée par le Français Florian Sévellec, du Laboratoire d’Océanographie Physique et Spatiale (CNRS-Ifremer-UBO-IRD) de Brest, et le Britannique Sybren S. Drijfhout, de l’Université de Southampton, estime de surcroît que la variabilité naturelle du système climatique terrestre devrait aboutir à des années 2021 et 2022 plus chaudes que la norme…
En attendant, les scientifiques étudient bien sûr l’accélération actuelle. Pour le climatologue américain James Hansen, le « forçage » dû aux gaz à effet de serre et à l’activité solaire, ne peut pas en aucun cas expliquer cette situation. « Il doit y avoir un autre « forçage », qui n’est pas mesuré. Et il n’y a qu’un seul bon candidat, les aérosols », indique-t-il. Les aérosols? C’est-à-dire… la pollution! En effet, des modèles scientifiques suggèrent que la quantité globale d’aérosols a diminué dans la décennie passée.
Or, cette pollution, dont le bilan global est « refroidissant », gomme une partie du réchauffement dû aux activités humaines. Chassez-là et le réchauffement camouflé devient bien réel… De plus, la succession d’années chaudes entraîne également d’elle-même, toujours selon James Hansen, une succession de rétroactions du système climatique qui alimentent elles aussi le réchauffement… Comme un parfum d’emballement.