Après une année 2019 qui a été pour notre planète la deuxième la plus chaude depuis le début de l’époque industrielle, 2020 est partie pour rivaliser avec le record de 2016. Sans aucun phénomène « réchauffant » El Nino. Et la situation due au covid-19 n’atténuera rien, au contraire peut-être…
Mois de janvier le plus chaud devant 2016, 2ème mois de février de plus chaud derrière 2016… L’année 2020 a toutes les chances de chasser par la petite porte l’année 1998 du Top 10 des années les plus chaudes depuis le XIXème siècle. C’est un vrai symbole car il y a deux décennies 1998 était clairement qualifiée d’année « la plus chaude du siècle ». Ce qui avait du reste ensuite permis aux climatosceptiques de raconter que le réchauffement s’était arrêté en 1998…
Plus de 2 degrés de réchauffement à la surface des continents
Cette année, il n’y aura pas photo: selon l’agence américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), 2020 se positionne d’entrée à un niveau approchant +1,2°c de réchauffement par rapport à la moyenne du XXe siècle tandis que 1998, pourtant à l’époque dopé par un intense phénomène El Nino, plafonnait largement en dessous de +0,8°C de réchauffement.
En fait, après 2019, 2ème année la plus chaude, 2020 est plutôt partie pour rivaliser avec 2016, année à ce jour record et dont le niveau de réchauffement a lui aussi été favorisé par un puissant El Nino. Sauf que cette année, c’est une situation neutre, sans aucun El Nino, qui est prévue par les scientifiques.
Avec 2020, les sept années les plus chaudes seront les sept dernières !
En janvier, 2020 a ainsi battu 2016 avec un réchauffement planétaire moyen de +1,14°c à la surface des terres et des océans. La fièvre a même grimpé à +2,12°C à la surface des continents (+2,44°C dans l’hémisphère nord). En février, 2020 est certes derrière 2016, mais avec quand même +1,17°C globalement, +2,27°C à la surface des continents. Et il y a quatre ans, El Nino donnait en cette saison toute sa puissance.
Par comparaison, 2020 est à ce stade largement au-dessus de 2019, 2017 et 2015. Et la tendance des moyennes mensuelles cumulées (janvier en janvier, janvier-février en février, janvier-février-mars en mars, etc) des années les plus chaudes, montre que l’écart entre les premières moyennes et la moyenne finale, annuelle, varie généralement de moins de 0,2°c, en plus ou en moins.
Ainsi peut-on déjà pronostiquer sans trop de risques qu’avec 2020, les sept années les plus chaudes seront les sept dernières ! Cette poussée du réchauffement est de plus en plus visible depuis plusieurs années, quand on lisse les moyennes de température globale mensuelle sur cinq ans. On note ainsi qu’on part en 2015 d’un plateau d’un peu plus de 0,6°C de réchauffement -et sur lequel on se trouvait peu ou prou depuis une dizaine d’années- pour approcher maintenant +1°C par rapport à la moyenne du XXème siècle, c’est-à-dire plus de 1°C par rapport à la température moyenne au début de la période pré-industrielle.
Et si l’effet covid-19 c’était encore un peu plus de réchauffement ?
Et ce n’est pas le covid-19, issu lui-même du dérèglement qu’on impose à l’environnement, qui arrangera cette situation. En effet, si l’effondrement de l’activité économique fait logiquement chuter les émissions de gaz à effet de serre, notamment les émissions de CO2 comme il est constaté en Chine, il faudrait d’abord que ces émissions chutent durablement et de plus de la moitié au moins, partout dans le monde, pour que l’on puisse éventuellement espérer que la concentration atmosphérique de CO2 puisse peut-être commencer à baisser. Ensuite, l’inertie du phénomène de réchauffement est telle que les émissions émises ou non émises à un moment donné n’ont un effet sur le système climatique que des années plus tard.
En revanche, la chute de la pollution due au même effondrement économique est elle beaucoup plus rapidement visible, et avec des conséquences qui peuvent être rapides. Or, quand les scientifiques font le bilan global de l’effet des particules polluantes qui se promènent dans l’atmosphère sur le réchauffement planétaire, il s’avère que celles-ci ont plutôt tendance à… camoufler une partie du réchauffement ! Eh oui ! C’est si vrai que certains, y compris au Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), projettent d’envoyer des particules dans la stratosphère pour nous refroidir, à la manière de ce que font de grosse éruptions volcaniques. Dit autrement, il n’est pas inversement exclu que l’amélioration de la qualité de l’air consécutive à la crise sanitaire due au covid-19 puisse paradoxalement réactiver une partie du réchauffement jusqu’alors « caché » par notre pollution habituelle…
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