Les limites à la croissance (dans un monde fini)

Et si au lieu de poursuivre notre course à la croissance exponentielle de notre population et de notre capital, nous développions l’utilisation de l’inspiration, du travail en réseau, de l’honnêteté, de l’apprentissage et de l’amour. Utopie? Non, pour l’équipe des scientifiques de Dennis Meadows, il s’agit de l’alternative à l’effondrement de nos sociétés .

Les LImites à la croissance

40 ans après, la conclusion de l’équipe Meadows est d’une brûlante actualité.

Quarante ans après la sortie d’une première édition française épuisée depuis longtemps et à la traduction laissant à désirer, sinon orientée (« Halte à la croissance? » en titre à la place de « Les limites à la croissance »), « The Limits to Growth » est depuis peu à nouveau disponible dans la dernière version mise à jour et enrichie: « The 30-Year Update », datant de 2002. Titre français: « Les limites à la croissance (dans un monde fini).

« Les limites à la croissance », ce n’est pas un plaidoyer pour la décroissance ou pour la croissance zéro, c’est avant tout un travail de scientifiques spécialistes de l’étude des systèmes, c’est-à-dire de l’étude des réalités complexes ne pouvant pas se contenter de notre habituelle approche analytique. La Terre en est un grandiose exemple. Par exemple, l’approche analytique va se concentrer d’un côté sur la géologie, de l’autre sur la biologie. Complémentaire, l’analyse systémique va travailler sur les liens entre la géologie et la biologie. On obtient alors une vision plus globale de notre réalité. Autre exemple: le pétrole et les gaz à effet de serre sont bien les deux faces d’un même problème.

Les limites létales de nos sociétés

Issus du MIT, le Massachusetts Intitute of Technology, ces spécialistes des systèmes, notamment Donella et Dennis Meadows ainsi que Jorgen Randers, ont mis au point un modèle informatique dans lequel ils ont introduit les principales variables d’évolution de notre monde sur Terre, l’objectif étant de faire évoluer ces variables, de manière réaliste ou non, pour voir comment réagit le système. De là, une grande conclusion de leur travail, qui n’a pas varié, est la suivante: si notre développement conserve des croissances exponentielles de la population et du capital (capital global servant à la production matérielle), alors notre système de fonctionnement dépassera des limites létales et s’effondrera tôt ou tard. Les chercheurs donnaient en 1972 « un siècle de répit ». Vu autrement, leur travail est bien une approche des risques d’effondrement de notre société.

Au début du XXIème siecle, ayant confirmé leur conclusion, ces chercheurs constatent que nous avons dépassé de nombreuses limites physiques de la planète. Ils illustrent ce dépassement avec « l’empreinte écologique des hommes », outil développé sur le modèle de « l’impact écologique » publié par le WWF (World Wildlife Fund) et arrivant à la conclusion qu’il nous faut  bien plus d’une planète pour combler les « besoins » humains… 40 ans après la première publication des travaux de l’équipe Meadows, la question est donc maintenant de savoir avant tout quels effets auront ces dépassements de la « capacité de charge » de la Terre et comment nous pouvons à terme revenir en dessous des limites létales, tout en veillant au développement optimum d’un « indice de bien-être humain ».

Réponse des scientifiques: quels que soit nos efforts par ailleurs, il est nécessaire d’agir sur les croissances exponentielles de la population et du capital global pour éviter l’effondrement. Ce n’est pas la pénurie qu’ils proposent mais plutôt la « révolution de la durabilité », 3ème du genre humain après la « révolution agricole » et la « révolution industrielle ». Pour l’équipe Meadows, la pénurie ne viendra que si nous, nous continuons à nous montrer incapable de surmonter ce cap du développement humain. Les outils que les femmes et les hommes doivent dès lors rapidement apprendre à utiliser pour parvenir à ces fins, sont… l’inspiration, le travail en réseau, l’honnêteté, l’apprentissage et l’amour. Avec à la clé un intense développement culturel et une société grandement désirable.

Les limites à la croissance (dans un monde) fini. Traduction française de The limits to Growth – The 30-Year update. Donella Meadows, Dennis Meadows, Jorgen Randers. Préface: Jean-Marc Jancovici. Paru aux éditions Rue de l’Echiquier. Prix indicatif: 25 euros.

4 réflexions sur « Les limites à la croissance (dans un monde fini) »

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