Concentration de CO2: plus de 400 ppm pour le printemps

Suivant l’évolution actuelle, les premières concentrations moyennes mensuelles de CO2 dépassant 400 ppm dans l’atmosphère seront observées au printemps 2014. Au total, la concentration de l’ensemble des gaz à effet de serre équivaut actuellement à environ 480 ppm, avec en point de mire la barre des 500 à l’horizon 2020… Aurons nous la volonté de retourner cette tendance ? Ou est-ce une catastrophe comme un effondrement économique qui le fera ?

Concentration de CO2 en bleu ciel, concentration en gaz à effet de serre en noir,  Courbe de l'AGGI (Annual Greenhouse Gaz Index de NOAA, indicateur du pouvoir de réchauffement des GES) en rouge. L'AGGI 2012 était de 1,32, ce qui veut dire que le pouvoir de réchauffement s'est accru de 32% depuis 2012. Doc. NOAA.

Concentration de CO2 en bleu ciel, concentration en gaz à effet de serre en noir, courbe de l’AGGI (Annual Greenhouse Gaz Index de NOAA, indicateur du pouvoir de réchauffement des GES) en rouge. L’AGGI 2012 était de 1,32, ce qui veut dire que le pouvoir de réchauffement des GES s’est accru de 32% depuis 1990. Doc. NOAA.

Selon les données de l’observatoire Mauna Loa à Hawai, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a atteint la moyenne de 396,52 ppm (parties par million) en 2013. C’est 2,64 ppm de plus qu’en 2012, 11,07 de plus qu’il y a 5 ans, 20,88 de plus qu’il y a 10 ans, et 40,15 de plus qu’en 1992… La concentration en CO2 a même bondi de près de 20% depuis la publication en 1972 du rapport Meadows qui, pourtant, définissait des limites à la croissance –limites que l’on touche du doigt depuis quelques années… Cette concentration en CO2 a par ailleurs augmenté de plus de 11% depuis le 1er Sommet de la Terre de Rio qui, pourtant, sonnait officiellement le début du “combat planétaire” contre le réchauffement climatique…

En dépit d’appels récurrents, de cris d’alarme répétés de personnalités respectées et des mesures type Kyoto prises par la communauté internationale, l’augmentation de cette concentration (principalement due à l’exploitation et à l’utilisation de pétrole, de charbon et de gaz type méthane) s’accélère. D’après les moyennes mensuelles lissées sur 10 ans, l’augmentation était d’environ 1,5 – 1,6 ppm par an pour les décennies 1980-1990 et 1990-2000. Avec le même type de calcul, nous sommes maintenant systématiquement sur des moyennes annuelles d’augmentation supérieures à 2 ppm (périodes 2002-2011, 2003-2012, 2004-2013). La dernière augmentation moyenne sur dix ans inférieure à 2 ppm par an est celle du mois de janvier 2010 pour la décennie 2001-2010, il y a donc quatre ans.

La barre des 400 ppm de CO2 définitivement dépassée en 2016 

Les premières pointes journalières à 400 ppm de CO2 ont été notées en mai dernier. Il n’y a pas de risque à annoncer qu’on va en connaître de nouvelles dès le prochain mois de mars. Selon le rythme actuel, il n’y pas non plus de doute que les mois d’avril, de mai et de juin 2014 aient des moyennes supérieures à 400 ppm. La moyenne annuelle de 400 ppm doit quant à elle être dépassée en 2015 et nous dirons définitivement adieu à cette limite symbolique dès 2016…

Mais il ne s’agit que de la concentration du CO2. Si l’on ajoute tous les gaz à effet de serre, c’est bien la limite de 500 ppm que nous avons maintenant en point de mire. Selon le dernier index de NOAA (National oceanic and atmospheric administration), l’agence américaine d’étude de l’atmosphère, la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère atteignait en effet 476 ppm (équivalent CO2) en 2012, avec là aussi une accélération, due à l’évolution de la concentration de gaz carbonique mais aussi à celles de deux autres gaz à effet de serre au pouvoir de réchauffement élevé: le méthane et le protoxyde d’azote.

La concentration de méthane (plus de 1800 ppb) a doublé en un siècle

Nettement reparti à la hausse depuis 2007, la concentration de méthane (CH4, celui là même qui peut s’échapper des puits de gaz de schiste…) dépasse 1800 ppb (parties par milliard) et a ainsi doublé en un siècle.  Augmentant pour sa part à un rythme soutenu assez régulier, le protoxyde d’azote (N2O, provenant entre autre de l’utilisation d’engrais) dépasse 325 ppb. On pourrait également évoquer les halocarbures, qui sont des gaz à effet de serre de pure fabrication humaine, avec souvent des durées de vie et des pouvoirs de réchauffement impressionnants.

Evolutions des concentrations de gaz carbonique, de méthane, de protoxyde d'azote et des principaux halocarbures. Doc. NOAA.

Evolutions des concentrations de gaz carbonique (CO2), de méthane (CH4), de protoxyde d’azote (N2O) et des principaux halocarbures. Doc. NOAA.

Tout confondu, la concentration de gaz à effet de serre augmente actuellement à un rythme de l’ordre de 3 ppm par an. Sur cette lancée, les 500 ppm seront atteints vers 2020, aucun plan drastique de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne devant être appliqué jusqu’à cette date. Cela ne nous place pas dans les scénarios du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) aptes à limiter le réchauffement à 2°C, et met la barre très haut pour les négociations internationales devant aboutir à un accord mondial de réduction des émissions à Paris en 2015, dont l’application doit avoir lieu après 2020. Une telle volonté sera-t-elle vraiment là ?

En revanche, comme le montre le ralentissement de l’augmentation du CO2 pour les années 1992 et 1993, (correspondant aux effets de la chute du système soviétique), une catastrophe comme un effondrement économique global pourrait rapidement aboutir à une baisse des émissions, même si les conséquences pour la communauté humaine sont dramatiques (exemples: chute du niveau et de l’espérance de vie, famines, chute de la population…). C’est tout le paradoxe de la situation. Et c’est là que l’on devrait tous se replonger sans attendre dans la lecture du rapport Meadows et ses limites de la croissance, histoire d’imaginer la construction d’une autre voie, plus souhaitable…

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